« J’ai un profond attachement à mon cégep »

ÉDUCATION. Mine de rien, lors de sa nomination comme directeur général en janvier, ­Jean-François ­Léveillé est devenu le 1er diplômé du ­Cégep de ­Shawinigan à diriger l’institution depuis sa fondation il y a 51 ans. Bien plus qu’une simple anecdote pour le principal intéressé…

«  J’ai un profond attachement à mon cégep, confie le ­Shawiniganais lors d’une rencontre avec L’Hebdo dans son nouveau bureau. J’y ai été étudiant et j’y travaille depuis 15 ans. Le poste de directeur général était quelque chose que j’envisageais un jour et c’est arrivé un peu plus tôt que prévu dans ma carrière. J’accepte ce défi en m’inscrivant dans la continuité de ce qu’Éric ­Milette a fait avant moi, tout en y apportant ma propre couleur.  »

Plusieurs défis attendent ­Jean-François ­Léveillé à l’aube de ce premier mandat de cinq ans, à savoir de rehausser le nombre d’inscription au ­Cégep de ­Shawinigan, un établissement créé à l’origine pour recevoir 1500 étudiants et qui en compte environ 1100 présentement.

«  ­Sous le règne d’Éric ­Milette, on a réussi à freiner une importante baisse d’étudiants et là, on est dans un élan positif. On mise beaucoup sur le recrutement à l’étranger et l’arrivée des bourses ­Parcours pour les étudiants provenant de l’extérieur de la région. Ces deux clientèles comptent pour environ 20 % de nos étudiants présentement  », détaille le nouveau directeur général.

Alors que les étudiants étrangers provenaient auparavant de l’île de la ­Réunion, les campagnes de recrutement se font désormais davantage dans les pays francophones de l’Afrique. «  ­Ce sont une cinquantaine d’étudiants internationaux qui sont arrivés ici dans les derniers mois, c’est près du double de ce qu’on accueillait normalement. On a beaucoup restructuré notre équipe chargée du recrutement depuis trois ou quatre ans et ça commence à porter fruit.  »

Vallée de la transition énergétique

Directeur général du département de la formation continue durant de nombreuses années au ­Cégep de ­Shawinigan, ­Jean-François ­Léveillé compte amener un peu de cette couleur dans son nouveau poste. «  ­La formation continue, c’est beaucoup du développement. Je veux apporter un peu de cette culture à la direction générale. Avec l’arrivée de la ­Vallée de la transition énergétique, il y a de grandes opportunités pour nous  », ­poursuit-il.

Un programme comme ­Technique de laboratoire en chimie analytique est bien adapté pour les nouvelles entreprises qui s’installent en ­Mauricie, mais moins d’une dizaine d’étudiants y sont inscrits. «  ­Ce n’est pas suffisant. Ce sont des centaines de travailleurs dont la région va avoir besoin prochainement. Le programme n’est pas attractif et il faut changer ça pour que les jeunes puissent faire le rapprochement entre la chimie analytique, la filière batterie, la contribution à l’environnement et le développement de la région.  »

Au niveau des infrastructures en tant que telles, le ­Cégep de ­Shawinigan a déposé un projet majeur pour revamper l’ensemble de ses infrastructures sportives, incluant un terrain synthétique extérieur. Des plans sont aussi en élaboration pour rendre plus chaleureux le hall central qui sert d’espace de vie pour la clientèle étudiante. «  ­On compte sur les nouveaux programmes pour attirer des étudiants, mais il faut aussi que le cégep soit attrayant pour que les jeunes veulent y venir  », fait valoir ­Jean-François ­Léveillé.

Une résidence étudiante dans la mire

Avec un taux d’inoccupation sous la barre de 1 %, il est de plus en plus difficile de se loger à ­Shawinigan. Cette réalité frappe de plein fouet le ­Cégep de ­Shawinigan, l’un des rares établissements collégiaux au ­Québec à ne pas pouvoir compter sur une résidence étudiante.

«  ­Il faut ajouter cette infrastructure, insiste ­Jean-François ­Léveillé, ajoutant qu’un projet a été déposé auprès du gouvernement à l’automne 2023. Avant, ce n’était pas une priorité parce qu’on avait moins d’étudiants étrangers et que le logement était quand même accessible à ­Shawinigan.  »

Évaluée à près de 20 millions$, la résidence étudiante permettrait de loger environ 75 étudiants et serait située sur les terrains du ­Cégep, à proximité de la ­Maison des jeunes. «  ­Nous avons aussi des discussions avec des propriétaires privés qui ont montré de l’intérêt à convertir des immeubles pour faciliter l’accès à des étudiants  », ­ajoute-t-il.

Alors qu’historiquement, une rivalité même officieuse a souvent teinté les relations entre les cégeps de ­Shawinigan et de ­Trois-Rivières, le nouveau directeur général n’entretient aucun doute sur la nature de la collaboration qui s’établira dans les cinq prochaines années. «  Éric ­Milette, ­au-delà que c’est un ancien collègue, c’est un ami  », ­dit-il à propos de celui qui est maintenant directeur général du ­Cégep de ­Trois-Rivières. «  ­Les défis sont tellement grands au niveau de la ­main-d’œuvre qu’on ne se pilera pas sur les pieds. Au contraire, dans le contexte de la ­Vallée de la transition énergétique, je pense qu’on va être complémentaire et qu’on va avoir un effet de levier chacun l’un sur l’autre  », conclut ­Jean-François ­Léveillé.