Le vieil auteur de la relève récidive

LITTÉRATURE.  Avec maintenant trois livres en sept ans dans sa besace et un quatrième dans les cartons, André Hamel devra maintenant songer à troquer son épithète de « vieil auteur de la relève » pour une plus adaptée à sa situation, c’est-à-dire de vieil écrivain bien établi…

Après Mourir d’oubli en 2017 et Les désarrois du vieil Hubert deux ans plus tard, l’auteur grand-mérois lançait il y a quelques semaines Les vies invécues, une histoire de vieux résume-t-il en souriant, assuré qu’on ne pourra accuser un romancier de 79 ans de faire de l’appropriation culturelle en défrichant ce terrain.

« C’est l’histoire d’un vieux assis dans sa cour arrière qui aperçoit  un homme qui lui ressemble. On ne sait pas trop si c’est vrai ou dans sa tête parce qu’il commence à perdre la mémoire ou à avoir peur de la perdre, mais il demande à ce personnage de lui raconter sa vie comme si c’était un roman. Le maître du récit comme on l’appelle dans le roman lui raconte donc trois journées où sa vie a dérapé », décrit l’auteur rencontré à la Librairie Poirier de Shawinigan.

Après Albert Alibert de son premier roman et Hubert Hubert de son second, on ne découvre l’identité du personnage principal que dans la conclusion de Les vies invécues. « Il y a un lien entre les trois romans, indique André Hamel qui dit ainsi clore un cycle romanesque portant sur la vieillesse. Le bonhomme cherche à se comprendre sous différents noms en s’inventant des histoires, des personnages. En s’inventant lui-même, c’est là qu’il réussit un petit peu à se voir et à se comprendre. C’est une réflexion sur la création et l’écriture parce que l’écriture, c’est inventer et c’est aussi s’inventer. »

Une relation avec les mots

On devine derrière cette réflexion que le « vieil auteur de la relève » entretient une relation de longue date avec les mots même s’il a attendu l’âge vénérable de 72 ans avant de signer son premier roman. Et en entrant chez Leméac pour ses trois romans, une des maisons d’édition les plus prestigieuses au Québec, André Hamel peut difficilement se présenter comme un écrivain du dimanche.

Au cours de sa carrière professionnelle, que ce soit comme professeur au Cégep de Shawinigan ou comme responsable de l’amélioration des processus d’affaires pour GM, Pratt & Withney ou Bombardier, le Grand-Mérois a toujours été fidèle aux mots. « Quand j’enseignais, ce que j’aimais le plus, c’était d’écrire mes notes de cours. Donner le cours devant les élèves, ce n’était pas ce que j’aimais le plus », confie-t-il.

Même lors de son passage dans les multinationales, André Hamel trouvait le moyen d’entretenir cette relation. « Mon travail consistait à écrire les manuels, les procédés pour former les employés.  C’était très technique, mais je m’appliquais à ce que ça soit bien écrit et adapté à notre culture québécoise », poursuit l’auteur qui est revenu s’établir à Grand-Mère au moment de prendre sa retraite.

« J’ai beaucoup de plaisir à écrire. Le plaisir de leur faire dire des choses qu’ils ne nous disent pas habituellement. D’une certaine façon, c’est comme les usines d’assemblage dans lesquelles j’ai travaillées. Aujourd’hui, je suis dans une usine à écrire où il y a plein de pièces détachées, il s’agit juste de trouver les bons assemblages », termine-t-il.

André Hamel sera présent au Salon du livre de Trois-Rivières cette fin de semaine. Il prendra notamment part à deux séances de dédicaces le dimanche 24 mars de 10h à 11h et de 14h à 15h au stand 28 (Leméac). L’auteur livrera également une entrevue sur la Scène ABI des Nouvelles voix de 13h15 à 13h45. Enfin, André Hamel prendra part également au Salon du livre de Québec du 10 au 14 avril. Il participera notamment le 13 avril, entre 15h et 16h, à une séance de signatures au stand 601 (Leméac).