Les couteaux thérapeutiques de Dominique Paradis

ARTISAN.  Transformer une pièce d’acier de cinq pouces de longueur prélevée sur une lame de suspension d’un F-450 en un spectaculaire couteau de chasse avec une lame tranchante de neuf pouces, voilà l’expérience immersive proposée par Dominique Paradis.

Dans son atelier situé à proximité du pont couvert à Saint-Mathieu-du-Parc, l’artisan coutelier martèle patiemment sur un enclume une lame métallique encore rougie par les flammes de la forge. « C’est une thérapie pour moi », lance entre deux coups de marteau ce militaire à la retraite qui s’est établi en Mauricie avec sa conjointe, elle aussi retraitée des forces armées, en décembre 2020.

Armurier au sein de l’armée canadienne, – il a participé à des missions en Haïti en 1997 et en Afghanistan en 2006 et 2007 – Dominique Paradis cherchait à s’éloigner des grands centres après avoir terminé sa carrière dans une garnison au nord de Toronto.

 « J’étais déjà venu faire une inspection au régiment de Shawinigan il y a plusieurs années. Je savais un peu de quoi ça avait l’air dans la région et on cherchait un coin tranquille », explique le vétéran qui a commencé à fabriquer des couteaux pour son propre plaisir il y a une vingtaine d’années, mais qui s’y consacre à temps plein depuis son arrivée dans la région sous le nom de Couteau Custom Saint-Mathieu du Parc.

Dominique Paradis fabrique ses couteaux uniquement sur commande, mais son projet de retraite a pris une tournure particulière il y a bientôt trois ans lorsqu’il a développé une formule où le client participe lui-même à la conception de la pièce.

« La formule marche bien », raconte le vétéran qui a développé deux forfaits. Un premier avec l’option une journée où le client débute avec une barre d’acier déjà aplatit, prête à être découpée selon le type de lame désiré. Et l’option deux jours où le travail commence avec le martelage d’une pièce d’acier brut avec l’enclume et la forge. « On parle d’environ cinq heures à alterner les coups de marteau et le réchauffage de la pièce dans la forge. On fait ça tranquillement en jasant parce que ça peut être exigeant physiquement au niveau des épaules », poursuit Dominique Paradis.

L’expérience comprend aussi bien sûr la conception du manche du couteau ainsi que sa finition. L’artisan coutelier possède déjà dans son atelier un lot de pièces de bois, allant des essences exotiques et locales qu’aux blocs hybrides composés de bois et d’époxy teinté.

Un travail gratifiant

Il y a quelques semaines, Dominique Paradis a fabriqué, sur une période de trois demi-journées, un couteau avec élève du secondaire de l’école alternative de l’Énergie à Shawinigan. « Il était tellement fier de lui quand il a terminé. C’est gratifiant et ça lui a montré qu’il était capable de réaliser un projet qu’il n’aurait pas fait normalement. De mon côté, je trouve ça le fun de transmettre ma passion et du sien, il n’a rien payé et il est reparti avec son couteau », raconte le Mathieusaintois d’adoption qui accueillera dans les prochains jours deux autres jeunes du Carrefour jeunesse emploi de Shawinigan cette fois-ci.

À côté de ses ateliers-formations, Dominique Paradis fabrique des couteaux sur mesure quelquefois avec des morceaux d’acier inusité comme des clous de chemin de fer ou une vieille lame de godendard. « C’est un très bon acier pour faire des couteaux à pêche. C’est une lame qui contient pas mal de nickel », dit-il en parlant de l’ancienne scie utilisée par les bûcherons dans les chantiers.

Pour des couteaux plus prestigieux, le vétéran utilise de l’acier damassé, un alliage de deux types d’acier à haute teneur en carbone et qui procure à la lame une texture exceptionnelle. « Celui-là, c’est un acier très fragile. Je peux mettre une trentaine d’heures à le travailler. C’est un processus très long et le taux d’échec aussi. Tu peux arriver à la fin et il y a une craque dans la lame et tout ton travail tombe à l’eau », termine Dominique Paradis.

Pour en savoir plus sur le travail du coutelier, on peut visiter sa page Facebook Couteau Custom Saint-Mathieu du Parc.