Marcias Portelance, un personnage transatlantique

CULTURE. Le personnage de Marcias Portelance, un fermier de vaches laitières farfelu passé maître du divertissement s’envolera, bientôt, baluchon à la main, vers la France. L’auteur, interprète et neveu du personnage, Jimmy Hamel se réjouit de son rêve devenu réalité. 

Marcias Portelance se balade dans les foires, festivals de musique, soirées bien-cuit, tournois et bien d’autres événements. Il aime bien s’épivarder et mettre à profit ses talents loquaces pour valoriser et conscientiser les citoyens au sujet de l’importance de l’agriculture et de l’agroalimentaire au Québec, par l’art vivant, le conte, l’animation et l’humour.

« À la base, je l’ai créé dans une fête d’amis en 2009. C’était un fermier parce que je ne savais pas comment me déguiser. J’ai pris ma salopette que j’avais achetée au Japon quand j’étais mannequin et mon chapeau de plage. Ce matériel-là, c’est rendu le costume à Marcias », explique Jimmy Hamel, le gérant du joyeux luron agricole. 

Pendant plusieurs années, Marcias est demeuré un personnage pour rigoler entre amis, puis il a commencé à performer au Widewood, Festival de la Solidarité Musicale, aujourd’hui appelé L’Ultime Édition. Pour Jimmy, les dix années au Widewood sous la moustache épaisse de son oncle fictif ont été l’incubateur de Marcias. Il y a développé ses habiletés d’improvisation et peaufiné ses techniques d’animation recherchée.

En plus de l’expérience terrain, il y a fait des rencontres inspirantes comme celle de son collègue et ami Rami Renno. Ce dernier décrit Marcias comme «l’artiste animateur le plus organisé, préparé et drôle dont un festival puisse rêver.» Ces compliments ont d’ailleurs encouragé Jimmy Hamel à entamer, en 2018, un cours d’exploration d’une idée entrepreneuriale à Québec. Cette formation l’a orienté vers ses ambitions et en 2019, Jimmy dévoile son personnage au grand public. 

Vers l’ancien continent 

Au mois de septembre, M.Hamel réalisera un rêve qu’il entretient depuis longtemps, soit, faire connaitre la France à Marcias. Lors de sa formation entrepreneuriale, Jimmy s’est prêté à un exercice qu’il qualifie de « cliché », mais tout de même pertinent: un atelier de collage. À ce moment, il a dû identifier par image sa vision ultime de Marcias. « Dans ce que j’avais collé, j’avais mis des fromages français, des vaches et une carte du monde », révèle le Shawiniganais.  

La projection, principe de base de psychologie, semble avoir fonctionné puisque le 28 et 29 septembre, il sera maitre de cérémonie à la fête du quartier de Vaucelles à Caen, en France. 

Il précise que les réseaux sociaux ont grandement contribué à l’effervescence du personnage. Les capsules web durant la pandémie «Comment s’entrainer en fermier enfermé» et d’autres exercices atypiques comme le lancer de la botte de foin, lui ont permis d’accroitre la visibilité de Marcias et de l’internationaliser. 

Une inspiration multigénérationnelle

Originaire de Shawinigan, Jimmy Hamel s’est inspiré de ses aïeux pour élaborer le folklore de son fermier éduqué. Marcias et lui partagent, entre autres, les racines communes de l’arrière-grand-père de Jimmy, Gédéon Caron, un agriculteur de Sainte-Flore. Toutefois, la personne qui a le plus façonné le personnage aussi attachant que ses bretelles est Hélène Caron. 

« Marcias est né de cette grand-mère-là qui m’a appris l’agriculture et que jusqu’à 84 ans on peut tenir un jardin de 30 par 15 pieds. Elle levait sa chaise berçante d’une main et de l’autre passait la tondeuse. […] Un cannage fait il y a trente ans, elle l’ouvrait avec le majeur et le pouce uniquement », dit-il avec fierté. « C’était une femme hyper forte et hyper silencieuse. Alors, sa force, je la retrouve dans ce personnage-là », raconte Jimmy Hamel visiblement encore épaté des exploits de son être cher.  

« Non seulement, mimi (surnom de Mme Caron) m’a montré l’agriculture qui lui vient de Gédéon et Bella qui avaient une ferme, mais moi je suis un grand gourmand et j’adore tout ce qui est manger sain et local. Ainsi que toute la beauté de valoriser l’agroalimentaire et le milieu agricole est pour moi fascinant et surtout admirable », ajoute le conteur et humoriste. 

Tous ces aspects connectent profondément avec ses valeurs. « Mon personnage a été créé à partir de mon amour de la musique et de l’humain, c’est pour ça que je peux l’appliquer ailleurs et que dans tout ça j’essaie de mettre une petite touche agricole », souligne l’artiste qui a milité pour Greenpeace dans la vingtaine. 

De mannequin international à travailleur social

À l’âge de 15 ans, alors qu’il assiste à un spectacle au Festival d’Été de Québec, Jimmy Hamel est repéré par un chasseur de têtes de l’agence de mannequins Next Canada. Il parcourt alors le monde et cumule les contrats pour des marques comme Giorgio Armani et Calvin Klein. 

« C’est là que je suis tombé en amour avec le voyage. Je me suis rendu au Japon, à San Francisco, à Paris, à New York et j’ai rencontré plein d’humains », dit-il reconnaissant de ses expériences même s’il a été la cible de préjugés entourant le mannequinat. 

Depuis, il place l’humain au centre de ses démarches. C’est ce qui l’a poussé à entreprendre un DEC en art et lettre option théâtre, puis un bac en intervention psychosociale avec une majeure en toxicomanie et un second bac en travail social. En parallèle d’être conteur, humoriste, acteur et mannequin, il pratique toujours le travail social. 

Des compétences aussi larges qu’un champ de blé

L’homme au talent artistique fertile offre un éventail de services diversifiés et parfois inattendus… Du yoga agricole, pourquoi pas? Sous forme de médiation culturelle, Marcias et ses disciples reproduisent les postures des animaux et remplacent les exercices de respirations par l’imitation de sons bestiaux. « L’objectif, c’est de rendre l’art accessible aux gens sans nécessairement dire vous êtes en ce moment en train de faire de l’art. C’est d’explorer à travers un médium artistique la culture», indique le yogi fièrement non certifié qui se produira au Festifraîches le 17 août. 

Parmi ses spécialités, Marcias Portelance fait de l’animation recherchée. « C’est comme de l’animation ambulante, mais avec une préparation de recherche préalable à l’événement », spécifie celui qui, selon la légende, boit 25 cafés par jour. Aussi, Marcias enfile à l’occasion sa chemise affichant des comestibles forestiers et se met à raconter des histoires à saveur mycologique. Il s’épivarde avec son public et partage les fables du Petit champignon rouge, celles de La pholiote ridée s’est égarée et À la rescousse de la reine truffe. 

En pleine moisson créative

Le jeune quarantenaire ne se considère pas complètement trilingue, mais affirme maitriser suffisamment l’anglais et l’espagnol pour que Marcias puisse se dégourdir l’appareil vocal dans plusieurs langues. « J’aimerais pouvoir rassembler les ouvriers agricoles issus de l’immigration hispanophone et les accueillir en espagnol. Ensuite, Marcias va leur faire des blagues, mais aussi leur apprendre des mots en français. » 

Son énergie à la pelletée le porte également à apprendre le japonais et à vouloir essayer le Stand-up comique. Dans ce nouveau format d’art vivant, il joindra l’humour et le conte et sèmera les rires sur son passage. 

Pour la suite, « Sky is the limit, comme diraient les Anglais », laisse échapper Jimmy avec la voix de Marcias Portelance.