Soleils atikamekw prend l’affiche

CULTURE. Le dernier film de la réalisatrice Chloé Leriche, Soleils atikamekw, prend l’affiche dès le vendredi 5 avril à Shawinigan. Le long métrage retrace un fait vécu troublant s’étant déroulé dans la communauté atikamekw de Manawan en juin 1977.

Le film aborde ainsi un tragique incident où 5 jeunes Atikamekw ont perdu la vie dans des circonstances nébuleuses selon les familles des victimes. « En fait ce sont vraiment les gens de la communauté et les familles qui sont venus vers moi pendant le tournage d’Avant les rues, mon précédent film, pour me dire qu’il y avait là un sujet. Qu’il y avait là quelque chose à raconter. Donc dès 2014, on en parlait, mais j’ai décidé de me lancer deux ans plus tard parce qu’à ce moment-là, il y avait la Commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées qui se tramait », raconte la cinéaste. Le processus de création derrière le film s’est ainsi échelonné sur près de huit ans.

« Le film mélange la réalité et la fiction puisqu’on s’inspire des rêves, souvenirs et impressions des proches des 5 victimes ». Chloé Leriche relève qu’il y avait un certain tabou dans les familles à aborder cet évènement difficile du passé. Par conséquent, l’onirisme visuel présent dans Soleils atikamekw a permis une porte d’entrée afin d’aborder ces thématiques lourdes et sensibles. « C’est difficile de faire un film sur quelque chose qui a été traumatisant pour plusieurs personnes, donc c’était une belle manière d’aborder la matière. Au départ, je ne savais pas trop comment m’y prendre ou comment leur parler de ce qui s’est passé », témoigne la réalisatrice.

Dans son propos en effet difficile, Soleils atikamekw rassemble et rallie d’après Chloé Leriche. « C’est vraiment un film avec des réalités universelles. Tout le monde va être touché par ça ».

Le long métrage a été tourné dans la communauté atikamekw de Manawan et l’équipe de tournage a rencontré plusieurs embuches comme le raconte Chloé Leriche. « Au départ, les gens à Manawan avaient peur de replonger dans des blessures donc il y a eu un travail sur le terrain important. C’était un travail presque de documentariste dans la mesure où je ne suis pas débarquée là pour faire un film et repartir. J’ai créé des liens, je les ai écoutés, je leur ai donné la parole et j’ai pris mon temps ».

La réalisatrice a d’ailleurs choisi d’immortaliser certains moments. Le tout se déploie sous la forme d’une série photographique qui explore les souvenirs des familles des victimes du tragique incident de 1977. Cette exposition photo intitulée Manawan 1977 sera présentée à la Galerie R3 de l’UQTR du 3 au 5 avril.

La distribution de Soleils atikamekw regroupe notamment Jacques Newashish, Oshim Ottawa, Wikawasa Newashish-Petiquay et plusieurs autres acteurs émergents de la communauté de Manawan. 

Avant de réaliser des films, Chloé Leriche a enseigné la vidéo pour Vidéo Paradiso, organisme qui allait à la rencontre des gens de la rue et Wapikoni mobile, initiative qui donne la caméra aux jeunes des communautés autochtones. « Je ne pensais jamais faire du cinéma de long métrage! Je n’ai pas étudié en cinéma. J’étais quelqu’un qui faisait de la vidéo et j’avais un côté très communautaire. Puis c’est justement le travail communautaire où on donnait la parole à des jeunes de la rue qui m’interpellait ».

C’est par son travail auprès de Wapikoni mobile que la cinéaste a imaginé les premières bribes de son film Avant les rues qui l’ont finalement mené à créer Soleils atikamekw. « Le film rend hommage aux 5 disparus et ça, je pense que ça réconforte beaucoup les familles ». La réalisatrice ajoute, « je suis extrêmement heureuse d’avoir fait ce film. Je trouve ça complètement fou d’avoir réussi à faire ça et j’en suis fière ».