Y’a-t-il un pilote à la télécommande?

AVIATION. «  ­Si tu réussis à faire voler un avion téléguidé, tu vas être capable de piloter un ­Cessna, mais ce n’est pas dit que le contraire est vrai  », lance d’entrée de jeu ­Luc ­Bellemare, un passionné de modèles réduits depuis près de 50 ans.

Le résident du secteur ­Lac-à-­la-Tortue est l’un des quarante membres du ­Club avion radio contrôle (CARC) ­Trois-Rivières dont le ­mini-aéroport est situé dans un champ bordant le chemin ­Notre-Dame, à ­Saint-Maurice.

Au moment où L’Hebdo l’a rencontré, l’enseignant à la retraite s’affairait à construire la réplique exacte, à une échelle un quart (25 %) d’un ­Savage ­Bobber, un avion ultraléger lancé sur le marché à la fin des années 1990. Carbone pour la structure, bois de balsa pour les ailes, moteur électrique. Le petit avion viendra rejoindre la flotte d’une dizaine d’appareils chouchoutés par ­Luc ­Bellemare. «  J’ai passé mes deux derniers hivers sur ­celui-là  », ­explique-t-il.

Avec ­Pierre ­Garceau, un autre ­Shawiniganais, ­Luc ­Bellemare est l’un des seuls membres du club à concevoir ses avions de À à Z, à partir d’un plan à l’échelle. Mais pour les moins habiles, il y a l’­entre-deux, c’­est-à-dire le short kit comme il est courant d’appeler ces avions au fuselage déjà monté et auxquels il reste tout de même des équipements à intégrer comme le train d’atterrissage par exemple.

«  ­Et pour ceux qui ne veulent pas se casser la tête, il y a les ­ARF pour ­Almost ­Ready to ­Fly. Tu sors ça de la boîte, tu charges la batterie et c’est déjà prêt à voler. Quand j’ai commencé dans les années 1970, c’est le genre de modèle que j’achetais parce que j’avais pas vraiment le temps que j’ai aujourd’hui  », sourit ­Luc ­Bellemare.

Un jet à 200 mph

L’ensemble de la flotte du ­Shawiniganais sont des répliques de vrais avions : un bombardier allemand ­Messerschmitt ­BF 109, le ­Draco de ­Mike ­Patey, «  J’ai déjà eu un jet, une machine à 12 000 $ avec un moteur à turbine qui était capable de voler à 200 milles à l’heure (mph). C’était trop stressant de conduire ça. Tu te plantes et tu viens de perdre 12 000 $, sans compter que c’était dangereux si tu perds le contrôle.  »

Les avions téléguidés peuvent être équipés d’un moteur thermique à essence ou bien électrique. «  ­En mode électrique, tu peux voler entre 6 et 12 minutes tandis qu’au gaz, tu peux avoir une autonomie d’une ­demi-heure environ. Mais il faut dire que quand ça fait une dizaine de minutes que tu regardes au ciel, tu commences à fixer et c’est mieux de commencer à penser à atterrir  », conseille ­Luc ­Bellemare.

Au ­mini-aéroport de ­Saint-Maurice d’ailleurs, les avions équipés d’un moteur à combustion sont interdits en soirée en raison du bruit qu’il génère. Les membres du ­CARC ­Trois-Rivières sont soumis à des règles très strictes, car si ce ­passe-temps procure beaucoup de plaisir, il n’est pas sans danger. Ainsi, un maximum de cinq personnes peut piloter leur avion en même temps et chacune des manœuvres doit être clairement communiquée aux autres avant d’être entreprise. «  C’est déjà passé proche, mais il n’y a jamais eu d’accidents au club  », souligne celui qui en a déjà été président.

Comme un vrai pilote

Depuis l’an dernier, les propriétaires d’avions téléguidés sont soumis à une nouvelle réglementation beaucoup plus sévère par ­Transports ­Canada. «  ­On est obligé de passer la licence de pilote de base, la même que quelqu’un qui pilote un avion. À cause de cela, on a perdu des membres au club qui ne voulaient pas embarquer ­là-dedans  », explique le ­Shawiniganais.

De plus, tous les avions doivent être enregistrés à ­Transports ­Canada et chaque vol, avec sa durée et le modèle d’avion utilisé, doit être inscrit dans un journal de bord que le pilote doit toujours avoir sur lui, comme un permis de conduire. «  C’est sévère, mais c’est encore plus strict aux ­États-Unis. ­Là-bas, les avions sont munis d’un module qui permet aux autorités des transports de les suivre en temps réel, comme les vrais avions.  »

Certifié comme entraîneur, ­Luc ­Bellemare a offert de la formation à des dizaines d’­apprentis-pilotes au fil des ans. Et le plus difficile est sans contredit l’atterrissage. «  ­Faire décoller un avion, c’est quand même assez facile, mais que ça aille bien ou ça aille mal durant ton vol, il faut que tu finisses par atterrir et c’est ­souvent-là que des avions s’abîment. Ça fait partie du jeu  », termine celui qui rate encore occasionnellement ses atterrissages.

Et vérification faite, accompagné d’un ami qui en avait un, ­Luc ­Bellemare a déjà piloté avec succès un ­Cessna au lac à la ­Tortue, mais l’ami en question n’a pas encore testé ses capacités avec un des avions téléguidés de notre passionné…

Pour en savoir plus sur le ­CARC ­Trois-Rivières, visitez les www.carctr.net