Le président ukrainien demande encore plus d’armes pour lutter contre la Russie

MUNICH — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti samedi ses alliés qu’un «déficit artificiel» d’armes pour son pays risquait d’offrir du répit à la Russie, quelques heures après le retrait des troupes ukrainiennes de la ville orientale d’Avdïivka.

M. Zelensky a pris la parole à la Conférence de Munich sur la sécurité, un rassemblement annuel de responsables de la sécurité et de la politique étrangère. L’Ukraine est de retour sur la défensive contre la Russie dans la guerre qui sévit dans son pays depuis près de deux ans, mais cette lutte pour maintenir son territoire intact est entravée par le manque de munitions et de personnel.

«Les Ukrainiens ont prouvé que nous pouvons forcer la Russie à battre en retraite, a déclaré le président Zelensky. Nous pouvons récupérer nos terres, et (le président russe Vladimir) Poutine peut perdre, et cela s’est déjà produit plus d’une fois sur le champ de bataille.» 

«Nos actions ne sont limitées que par […] notre force», a-t-il ajouté, soulignant la situation à Avdïivka. Le commandant ukrainien, le général Oleksandr Syrski a déclaré tôt samedi qu’il retirait des troupes de la ville, où elles ont résisté à l’assaut russe pendant quatre mois pour éviter l’encerclement de la ville et sauver des vies.

«Chers amis, malheureusement, maintenir l’Ukraine dans le déficit artificiel d’armes, en particulier dans le déficit d’artillerie et de capacités à long terme, permet à Poutine de s’adapter à l’intensité actuelle de la guerre, a déclaré le président ukrainien. L’affaiblissement de la démocratie au fil du temps mine nos résultats communs.»

Selon M. Zelensky, le retrait des troupes était «une bonne décision» pour sauver la vie des soldats ukrainiens. Il a laissé entendre que la Russie n’a pas accompli grand-chose, ajoutant qu’elle a attaqué Avdïivka «avec toute la puissance qu’elle avait» depuis octobre et a perdu des milliers de soldats et «ce que la Russie a accompli c’est l’épuisement de leur armée.»

«Nous attendons simplement des armes dont nous manquons», a-t-il ajouté, soulignant le manque d’armes à longue portée. 

Vendredi, le président Zelensky s’est rendu à Berlin et à Paris, où il a signé des accords de sécurité bilatéraux à long terme avec l’Allemagne et la France, à la suite d’un accord similaire avec la Grande-Bretagne le mois dernier.

Les alliés européens de l’Ukraine demandent au Congrès des États-Unis d’approuver un ensemble de mesures qui comprennent une aide à l’Ukraine de 60 milliards de dollars qui serait versée en grande partie aux entités de défense américaines pour la fabrication de missiles, de munitions et d’autre matériel militaire pour les champs de bataille en Ukraine. Il y a toutefois de la résistance des républicains. 

Le président de l’Ukraine a remercié les États-Unis samedi pour leur soutien et Volodymyr Zelensky a dit qu’il avait l’intention de rencontrer les sénateurs américains à Munich samedi. Ils «doivent comprendre que c’est  seulement dans l’unité que nous pouvons gagner contre la Russie», a-t-il dit.

Quant à savoir si ce serait une bonne idée d’inviter à Kyiv l’ancien président des États-Unis et le candidat à la présidence de 2024, Donald Trump, M. Zelensky a répondu : «J’ai invité publiquement, mais cela dépend de ses souhaits.»

« S’il vient, je suis même prêt à l’accompagner au front», a-t-il ajouté. 

S’exprimant également à cette conférence, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que le retard du Congrès américain a eu un impact direct sur la ligne de front.

«Chaque semaine que nous attendons signifie qu’il y aura plus de morts sur la ligne de front en Ukraine», a affirmé M. Stoltenberg. 

La première ministre de l’Estonie, Kaja Kallas, dont le pays est limitrophe de la Russie, a rappelé l’histoire des années 1930. 

«Si les États-Unis s’isolent, cela finira par vous coûter plus cher, a-t-elle averti. [Si] l’agression porte ses fruits quelque part, elle sert d’invitation à l’utiliser ailleurs, mettant en péril la sécurité mondiale.»