Agence canadienne de l’eau: des organisations moussent la candidature de Montréal

MONTRÉAL — Différentes organisations québécoises s’unissent pour que le Grand Montréal accueille le siège de l’Agence canadienne de l’eau (ACE), un organisme promis par le gouvernement Trudeau afin de «trouver les meilleures façons d’assurer la salubrité, la propreté et la bonne gestion de notre eau».

En 2019, Ottawa s’est engagé à mettre sur pied une agence canadienne de l’eau et selon le dernier budget fédéral, celle-ci devrait voir le jour d’ici la fin de l’année.

La Coalition québécoise pour des eaux saines, qui regroupe des organisations de défense de la santé de l’eau douce, souhaite que la région du Grand Montréal devienne le siège de la nouvelle agence et depuis quelques semaines, elle a réussi à mobiliser différents acteurs à travers la province.

La Ville de Laval, la Ville de Montréal, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Réseau Environnement, la Fédération des chambres de commerce du Québec, l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Montréal, pour ne nommer que ceux-là, appuient la candidature du Grand Montréal, selon Dominique Monchamp, l’une des initiatrices de la démarche, qui est aussi la directrice générale de la Fondation de Gaspé Beaubien.

Montréal est un endroit stratégique

Le système hydrographique du Saint-Laurent, incluant les Grands Lacs, draine plus de 25 % des réserves mondiales d’eau douce, selon le ministère de l’Environnement du Canada, et c’est l’une des raisons pour lesquelles le Grand Montréal est l’endroit le plus approprié pour accueillir le siège de la nouvelle l’agence, selon Mme Monchamp.

«Le fleuve Saint-Laurent est vraiment l’entrée directe aux Grands Lacs et les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent représentent l’une des portions les plus importantes d’eau douce dans le monde», a indiqué Mme Monchamp en faisant valoir qu’une part très significative de l’économie du pays «tourne autour des Grands Lacs».

Elle a également souligné que le Québec est la première province à avoir adopté une politique de l’eau qui permet «de gérer l’eau par bassin versant», ce qui était unique avant que la Colombie-Britannique fasse de même.

«On a vraiment, depuis longtemps, compris l’importance de la gestion par bassin versant, un peu comme ils le font en Europe, donc au Québec on a une expertise particulière, les Universités ont toutes des chaires de recherche autour de l’eau, donc on est très, très fort dans la recherche de l’innovation et des technologies entourant la préservation de l’eau et on a des bonnes têtes au Québec pour réfléchir sur la préservation de l’eau», a ajouté la directrice générale de la Fondation de Gaspé Beaubien.

Selon elle, la future Agence canadienne de l’eau devra jouer un rôle de coordination pour briser les silos organisationnels, dans la gestion et la préservation de l’eau douce.

«L’eau, c’est complexe et ça interpelle plusieurs ministères, le ministère de l’Agriculture, le ministère des Transports, le ministère de l’Environnement et j’en passe. Et il n’y a pas de coordination, tout ça se fait en silo et évidemment, la juridiction provinciale dans la préservation de l’eau, elle est importante, on a notre politique au Québec. Sauf qu’on ne peut pas gérer l’eau en silo, il faut absolument avoir un mode de coordination transversale parce qu’on partage la rivière des Outaouais, par exemple, avec une autre province et les Grands Lacs avec les États-Unis.»

Il faut donc, a-t-elle précisé, «que le gouvernement fédéral agisse comme coordonnateur au sein de ses propres ministères et qu’il agisse aussi comme gestionnaire des données, car il n’y a pas une province qui gère les données sur l’eau de la même façon».

La Coalition québécoise pour des eaux saines demande au gouvernement de s’assurer que l’Agence canadienne de l’eau soit créée d’ici la fin de l’année et qu’elle soit indépendante. 

La coalition souhaite également le renouvellement de la Loi sur les ressources en eau du Canada, vieille de plus de 50 ans, et la garantie d’un Fonds canadien de l’eau de 225 millions $ par année pour la santé des eaux canadiennes.