Aménagement du territoire: Andrée Laforest propose de limiter l’étalement urbain

QUÉBEC — Après s’être fait critiquer par les maires, le gouvernement Legault affirme désormais qu’il veut limiter l’étalement urbain.

Lundi, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a présenté la toute première Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire.

Celle-ci vise notamment à «orienter la croissance urbaine vers des milieux déjà dotés d’infrastructures et de services publics, (…) limitant ainsi l’étalement urbain».

«Il faut faire évoluer nos pratiques», a déclaré Mme Laforest en conférence de presse à Saguenay. Elle s’est dite «émue» de présenter une politique qu’elle qualifie de «prise de conscience».

«On sait qu’on fait face à des changements climatiques, donc c’était important pour nous, comme gouvernement, de revoir et de repenser notre territoire», a-t-elle affirmé.

À la mi-avril, le ministre des Transports, François Bonnardel, avait créé une commotion dans le milieu municipal en qualifiant la densification urbaine de «mode».

Il avait ouvert la porte à des ensembles résidentiels dans la région agricole de Bellechasse avec son projet de tunnel Québec-Lévis.

Le maire de Québec, Bruno Marchand, avait alors accusé la Coalition avenir Québec (CAQ) de tenir un discours «populiste» et «fallacieux».

Il avait rappelé que «chaque fois que quelqu’un habite très, très loin d’où il travaille, il exige que le gouvernement construise des autoroutes. (…) Ça augmente les coûts et ça augmente surtout nos émissions de GES».

Ce qu’a reconnu Mme Laforest, lundi. «Quand on construit un peu n’importe où, ça coûte une fortune en infrastructures municipales», a-t-elle lancé.

Grands principes

Avec sa politique, la ministre des Affaires municipales affirme désormais vouloir «réduire les durées de déplacement et les distances entre les lieux de résidence, de travail, de consommation».

Il faudra également «adopter des formes d’aménagement qui permettent de contrer la perte de milieux naturels et de territoires agricoles».

Elle vise aussi à «accroître l’offre de logements de qualité, accessibles et abordables», et «diversifier l’offre des moyens de transport, particulièrement les transports collectifs».

Le document énonce les grands principes qui serviront de cadre de référence pour les municipalités du Québec. Il est le fruit d’un travail de collaboration entre Mme Laforest et la ministre de la Culture, Nathalie Roy.

Près de 4500 personnes ont été consultées, ont indiqué les ministres.

Par ailleurs, le gouvernement promet de déposer «rapidement» après les élections un plan de mise en œuvre de la politique, qui sera accompagné d’une enveloppe budgétaire.

Les Québécois seront appelés aux urnes le 3 octobre prochain.

Réactions mitigées

Le dévoilement de la politique a suscité des réactions mitigées, lundi.

«La vision stratégique présentée aujourd’hui constitue un pas en avant important», a déclaré le président de l’Ordre des urbanistes du Québec, Sylvain Gariépy.

Mais il a souligné que le document contenait «peu d’engagements concrets, aucun budget, ni même une feuille de route détaillée».

«Il est donc difficile d’affirmer que cette annonce représente le changement de paradigme tant espéré et dont le Québec a besoin. Les attentes restent élevées envers le plan d’action promis», a-t-il ajouté.

Même son de cloche du côté de l’Ordre des architectes du Québec, qui souligne l’importance de «traduire cette vision en actions ambitieuses et de livrer le plan d’action annoncé dans les délais promis».

La Fédération québécoise des municipalités a dit accueillir favorablement la politique, s’engageant à «contribuer positivement aux travaux pour sa mise en œuvre au cours des prochaines années».

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Une politique qui se décline en 4 axes:

– des milieux de vie de qualité qui répondent aux besoins de la population

– un aménagement qui préserve et met en valeur les milieux naturels et le territoire agricole

– des communautés dynamiques et authentiques partout au Québec

– un plus grand souci du territoire et de l’architecture dans l’action publique