Cannabis non médical sur le Web: l’INSPQ craint des incitatifs à la consommation

MONTRÉAL — Des experts québécois en santé publique préviennent que plusieurs promotions du cannabis non médical visibles sur le Web par les Québécois peuvent inciter à sa consommation.

L’Institut national de santé publique (INSPQ) estime que ces pratiques devraient préoccuper les acteurs de santé publique alors que la consommation de cannabis observée au Québec et au Canada augmente depuis 2018. 

L’analyse publiée par l’INSPQ s’est attardée au contenu publié en ligne par 55 acteurs de l’industrie du cannabis et dans près de 2800 publications diffusées sur les réseaux sociaux, dont celles de la Société québécoise du cannabis (SQDC). Elle révèle notamment l’existence de promotions sur les prix, d’associations entre la consommation du cannabis et des bienfaits pour la santé et l’exposition de caractéristiques attrayantes pour les jeunes. 

L’INSPQ croit que des promotions contiennent souvent des éléments pouvant être attrayants pour la jeunesse et pouvant donner l’impression que le produit est moins dangereux qu’il ne l’est en réalité.

Parmi les publications sur les réseaux sociaux, 80 % comportent des contenus spécifiquement interdits par la loi comme la présence de personnes ou des associations de la consommation du cannabis à un style de vie. Et près de 60 % de ces publications contiennent des éléments pouvant inciter à la consommation, tels que des emballages stylisés.

Les associations entre le cannabis et des aspects de la vie quotidienne sont fréquentes. Le cannabis est souvent présenté comme une composante essentielle de la routine matinale au même titre que le café, par exemple. On en fait souvent un objet de consommation à intégrer à la pratique d’activités sportives ou de loisirs. 

L’analyse révèle aussi que le contenu en ligne comporte souvent la mention de propriétés naturelles ou biologiques du cannabis, ou des éléments associés à la nature. Le cannabis est aussi souvent lié à des sentiments de relaxation ou de bien-être, ce qui peut laisser croire qu’il est sûr ou moins nocif que la consommation d’alcool ou de tabac, particulièrement auprès des jeunes.

D’autre part, les comestibles et les extraits liquides de vapotage de cannabis font l’objet de promotions alors qu’ils peuvent séduire un public non initié, entre autres. L’INSPQ signale que ces produits sont de plus en plus consommés puisqu’ils sont attrayants pour les jeunes et perçus comme inoffensifs.

L’Institut national de la santé publique a observé que la promotion en ligne d’autres substances comme le tabac et l’alcool est un facteur associé à l’augmentation de leur consommation par la population. Il croit donc possible que les promotions de cannabis aient pu contribuer à l’augmentation de la consommation observée au Québec et au Canada au cours des cinq dernières années.