Chefferie du PLC: Freeland veut quatre débats entre candidats, dont deux en français
OTTAWA — L’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland, qui aspire à succéder au premier ministre Justin Trudeau après avoir claqué la porte du cabinet, réclame la tenue de quatre débats entre candidats dans la course à la chefferie libérale, dont deux en français.
Dans un courriel envoyé vendredi par le biais d’une liste de distribution auprès de personnes s’étant inscrites sur le site web de campagne de l’ancienne vice-première ministre, celle-ci plaide pour que ces joutes oratoires surviennent «dans les plus brefs délais».
«Tout le monde mérite de nous voir débattre de nos idées et de la voie à suivre pour notre parti et notre pays», peut-on lire dans le message présenté comme une «lettre ouverte à tous les candidats à la chefferie».
Un peu plus tard, Radio-Canada annonçait par communiqué que Mme Freeland allait être l’une des personnes interviewées à l’émission télévisée bien connue «Tout le monde en parle».
Celle dont la candidature doit encore être officialisée par les instances du parti souhaite, selon toute vraisemblance, être visible auprès d’une audience québécoise puisqu’elle a accordé, au jour un de sa campagne, une entrevue au réseau TVA. Il s’agissait alors du tout premier entretien qu’elle acceptait d’accorder à un média depuis sa démission fracassante comme ministre.
Mark Carney, qui est vu comme le principal rival de Mme Freeland dans la course, «a hâte de débattre avec les autres candidats (…) dans les deux langues officielles, de la manière définie par le Comité sur le scrutin pour l’élection d’un chef du Parti libéral», a déclaré Emily Williams, porte-parole pour la campagne de l’ex-gouverneur de banques centrales.
Ainsi, l’équipe de M. Carney ne fait pas de demande spécifique sur un nombre de débats.
Quoi qu’il en soit, il pourra compter dimanche sur un nouvel appui de taille venant d’un élu francophone du Québec, celui du ministre de l’Innovation et député de Saint-Maurice—Champlain, François-Philippe Champagne.
Deux sources bien au fait de l’activité prévue au courant du week-end ont indiqué que ce soutien allait être annoncé lors du passage de M. Champagne à Shawinigan, ville natale de l’ancien premier ministre libéral Jean Chrétien qui se trouve dans la circonscription de l’actuel député. La Presse Canadienne a accordé l’anonymat à ces deux sources, puisqu’elles n’étaient pas autorisées à parler publiquement de ces enjeux.
«Ça va être une belle journée pour mettre de l’avant les intérêts du Québec, le fait français, les régions», a dit vendredi M. Champagne, en mêlée de presse, refusant de dévoiler lui-même ses couleurs d’ici à dimanche.
L’équipe d’une autre aspirante cheffe, Karina Gould, a indiqué que l’ex-leader parlementaire et députée libérale est d’accord avec la proposition de Mme Freeland qu’il y ait deux débats tant en français qu’en anglais, mais qu’elle voit cela comme un «minimum».
«Karina (Gould) a accordé plus de 15 entrevues à la radio, dans la presse écrite et dans des médias non traditionnels cette semaine, et a tenu deux conférences de presse (…) dans les deux langues officielles. Dans cet esprit, on pense qu’il est important qu’il y ait autant d’occasions de débattre que possible», a-t-on soutenu.
Avec Mme Freeland, M. Carney et Mme Gould sont vus par des observateurs de la politique ainsi que des députés comme les principales personnes sur la ligne de départ de la course à la chefferie qui doit se conclure le 9 mars.
En se rendant à une réunion de travail du caucus libéral visant surtout à discuter des menaces de tarifs douaniers du président américain Donald Trump, le lieutenant pour le Québec du gouvernement, Jean-Yves Duclos, a réitéré l’importance qu’il accorde à la maîtrise du français par les différents aspirants chefs.
Il a fait savoir qu’il avait abordé la question auprès d’un député souhaitant succéder à Justin Trudeau qui est moins connu des milieux politiques, Chandra Arya. Ce dernier avait, peu après avoir signalé ses intentions de sauter dans la mêlée, déclaré qu’il ne croyait pas avoir besoin de parler français pour devenir premier ministre.
Selon le ministre Duclos, M. Arya a bien compris son argumentaire. «Je lui ai expliqué assez clairement le point de vue des membres du caucus du Québec, et, plus important encore, le fait qu’au Québec, on est fiers d’appartenir au Canada, a-t-il dit. Mais pour pouvoir contribuer pleinement au développement du pays, il nous faut un premier ministre qui soit parfaitement bilingue.»
Au total, sept candidats potentiels ont fait parvenir, jeudi, leur dossier au Parti libéral du Canada, ce qui inclut un versement de 50 000 $. L’approbation qui doit suivre par la formation politique et Élections Canada devrait prendre encore plusieurs jours.
Le député mi’kmaq Jaime Battiste, qui souhaite devenir le premier chef de gouvernement canadien autochtone, n’a pas été en mesure, vendredi, de répondre à une question qui lui était posée en français par La Presse Canadienne. Il a indiqué suivre des cours de français chaque matin, soulignant qu’il souhaite pouvoir parler une troisième langue.
L’ancien député montréalais Frank Baylis est bilingue, avait insisté son équipe jeudi, soutenant, par communiqué, qu’il «a passé les deux dernières semaines à rencontrer des dirigeants communautaires et sympathisants de partout au pays, notamment au Québec».
Mme Freeland a aussi demandé, dans son message de vendredi, à chacun des candidats à la chefferie d’être prêt à se présenter comme candidat aux prochaines élections fédérales, en plus de s’engager – si élu – à demeurer député «quelle que soit l’issue de cette course à la chefferie».
«En nous engageant à faire partie de cette équipe à long terme, nous pouvons montrer aux Canadiennes et aux Canadiens que nous ne sommes pas là pour nous-mêmes, mais pour eux», a plaidé l’aspirante cheffe.
Il reste aussi à voir si les libéraux arriveront à demeurer au pouvoir au terme du prochain scrutin, les conservateurs profitant d’une large avance dans les intentions de vote depuis plus d’un an.
Mme Williams, de l’équipe de M. Carney, a déclaré que «M. Carney est prêt à mener le Parti libéral à la victoire en 2025 et à construire le parti pour les années à venir».
Quant à la campagne de Mme Gould, celle-ci a affirmé que la députée a la «ferme intention» de tenter de se faire réélire au terme de la course à la chefferie, pointant du doigt la confirmation de son investiture dans sa circonscription de Burlington, en Ontario.