Coderre dépose officiellement sa candidature et menace de poursuivre Revenu Québec

QUÉBEC — L’ex-maire de Montréal Denis Coderre a profité du dépôt de sa candidature à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ), vendredi, pour annoncer qu’il comptait mettre en demeure Revenu Québec, qu’il accuse «d’abus de droit inacceptable». Du même souffle, il assure avoir une «entente globale» visant à régler ses dettes avec le fisc.

Denis Coderre affirme avoir appris dans les médias qu’il avait une hypothèque légale avant d’en être avisé par Revenu Québec. «La façon dont j’ai été traité, c’est inacceptable!» a-t-il lancé vendredi en point de presse à la permanence du PLQ à Québec.

«Je veux savoir s’il y avait des représentants du gouvernement du Québec qui ont fait en sorte qu’on voulait nuire à ma candidature. Ça n’a pas de bon sens, je vous dis!» a ajouté M. Coderre.

Rappelons que des médias ont rapporté dans les derniers mois que Denis Coderre devait plus de 130 000 $ en impôts au niveau provincial. À cela s’ajoutait une dette de plus de 266 000 $ à l’Agence du revenu du Canada.

«Je peux vous dire aujourd’hui que tout ce que je dois tant à Revenu Québec, qu’à Revenu Canada, c’est sécurisé. Donc il n’y a pas de problème de ce côté-là», a assuré le politicien.

Dans une déclaration signée par l’avocat de M. Coderre, Richard Généreux, il est précisé que le politicien avait conclu un plan global de règlement de toutes les sommes, ce qui lui permet de poser sa candidature dans la course à la direction.

L’avocat salue la collaboration de l’Agence du revenu du Canada, mais il reproche à Revenu Québec «d’avoir exercé ses droits en vue de nuire à autrui ou d’une manière excessive et déraisonnable».

«Monsieur Coderre a l’intention de faire la lumière sur les motivations sous-jacentes des représentants du gouvernement du Québec responsables d’avoir autorisé un abus de droit inacceptable dans les circonstances», est-il écrit dans le communiqué.

Le directeur général du PLQ, Patrick Huot, a indiqué que Denis Coderre avait déposé les documents nécessaires pour signifier son intention de briguer la chefferie. Un comité a maintenant sept jours pour déterminer si sa candidature est recevable.

Les candidats doivent aussi fournir une somme de 40 000 $ qui doit provenir de dons. Ces dons sont limités à 500 $ par électeur. L’ancien maire de Montréal a fait une avance de 20 000 $ lors du dépôt de sa candidature. Cette somme devra donc être remboursée par des dons, en plus de fournir un autre 20 000 $ d’ici le 11 avril.

L’ex-maire de Montréal avait également convoqué la presse pour présenter son plan en 10 points pour la chefferie libérale. Il veut notamment nationaliser l’eau, appuyer le projet GNL Québec, au Saguenay, et construire un troisième lien entre Québec et Lévis.

«Ce qui est important c’est les mathématiques»

Contrairement à deux de ses adversaires, l’ancien ministre libéral Pablo Rodriguez et l’ex-PDG de la Fédération des chambres de commerce Charles Milliard, Denis Coderre ne jouit d’aucun appui au sein du caucus libéral.

En point de presse, il n’a pas été en mesure de dire à quel moment il pourrait présenter des soutiens de la part d’élus, mais a tenu à rappeler qu’un député du caucus valait seulement un membre. «Moi, je pense que ce qui est important c’est les mathématiques», a-t-il affirmé.

Il a ajouté que, selon lui, «certains éléments de l’establishment» du PLQ étaient contre lui.

Denis Coderre n’a pas non plus été en mesure de dire combien de cartes de membres il avait vendues. «Je ne suis pas ici pour vous donner des chiffres», a-t-il répondu.

Afin d’officialiser leur candidature, les personnes qui brigueront la chefferie libérale devront recueillir 750 signatures auprès de membres du parti, qui devront provenir de 70 circonscriptions et de 12 régions différentes.

Au moins 350 de ces 750 signatures devront provenir de «nouveaux membres» du PLQ, soit des personnes qui sont devenues membres depuis le 27 mai 2024.

Une course enfin lancée

La chefferie du PLQ a été officiellement lancée lundi. Pablo Rodriguez a d’ailleurs annoncé le ralliement à sa campagne du député de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, qui a, par le fait même, renoncé à se porter candidat.

Charles Milliard a, pour sa part, reçu le soutien de l’ancien ministre des Finances du Québec Raymond Bachand.

L’avocat fiscaliste Marc Bélanger ne jouit pour l’instant d’aucun appui public.

Le quotidien «Le Soleil» rapportait plus tôt cette semaine que Mario Roy, un agriculteur et économiste de la Beauce, comptait aussi se lancer dans la course.

Le PLQ n’a pas de chef permanent depuis 2022, soit depuis que Dominique Anglade a démissionné dans la foulée des résultats décevants pour le parti aux dernières élections générales. Le député de LaFontaine, Marc Tanguay, assure l’intérim.

L’élection du nouveau chef aura lieu lors d’un congrès qui se tiendra le 14 juin.