Course conservatrice: Pierre Poilievre lance une attaque contre la Banque du Canada

OTTAWA — Le meneur dans la course à la direction du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a lancé jeudi une attaque contre la Banque du Canada, refusant même de dire s’il a confiance dans le gouverneur de l’institution, Tim Macklem, et les «soi-disant experts».

«La réalité est claire: M. Macklem, Mme Freeland (la ministre des Finances), Justin Trudeau nous ont dit qu’il n’allait pas y avoir de l’inflation. Maintenant, il y a de l’inflation. C’est clair qu’ils ont échoué», a-t-il lancé aux journalistes qu’il avait convoqués devant l’édifice de la banque centrale, à Ottawa.

M. Poilievre a présenté des propositions visant à accroître la «transparence» et à «rendre le Canada le pays le plus libre du monde».

S’il est élu chef conservateur puis premier ministre, il donnerait au vérificateur général le pouvoir de vérifier les finances de la Banque du Canada, réclamerait un audit des «400 milliards $» qu’elle a «imprimés» depuis le début 2020 et bannirait l’idée d’une monnaie numérique de la banque centrale.

Bitcoin et autres cryptomonnaies

M. Poilievre, qui a défrayé la manchette dans les dernières semaines en vantant les mérites des cryptomonnaies comme «un remède contre l’inflation», a assuré que «la monnaie officielle du Canada sera toujours le dollar canadien».

En même temps, a-t-il poursuivi, les gens devraient avoir «la liberté» d’utiliser «d’autres formes de monnaie, incluant le Bitcoin».

Lors d’un comité parlementaire en début de semaine, la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, s’est fait demander si les cryptomonnaies permettent d’éviter l’inflation.

«Si les Canadiens recherchent (…) une source de valeur stable, les cryptomonnaies ne satisfont pas vraiment à ce test, a-t-elle tranché. La volatilité des cryptomonnaies, si vous regardez au cours de la dernière année ou des deux dernières années, a été plus élevée que l’essence, plus élevée que le taux de change canadien, plus élevée que la plupart des matières premières.»

Le gouverneur Macklem a pour sa part vanté le bilan de la banque centrale, rappelant aux parlementaires que l’économie «était au plus bas» au début de la pandémie.

«Nous augmentons les taux d’intérêt aujourd’hui, et nous avons signalé qu’il fallait normaliser assez rapidement la politique monétaire, ce n’est pas parce que nos politiques ont échoué, c’est parce qu’elles ont été très efficaces, a-t-il dit. Et maintenant, nous traitons de l’autre côté de cela.»

«J’ai raison. Ils ont tort.»

Questionné sur ses connaissances en économie, M. Poilievre a soutenu que «c’est très bien documenté ma formation: 20 fois à la Chambre des communes j’ai prévu l’inflation qu’on a aujourd’hui».

«J’ai averti le gouverneur de la Banque du Canada et deux ministres des Finances qu’on allait avoir cette inflation, a-t-il dit. Eux autres ont dit: “non, il va y avoir de la déflation”. C’est ce qu’ils ont dit, ces experts. Après tout, j’ai raison. Ils ont tort.»

Selon lui, il est temps que les Canadiens écoutent «les gens qui avaient raison et non les gens qui causent la misère pour monsieur madame Tout-le-Monde».