Le Canada ripostera sur-le-champ aux tarifs imposés par Trump, assure Ottawa

MONTREAL — Si les États-Unis imposent des tarifs douaniers sur leurs importations canadiennes dès le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, lundi prochain, le Canada sera prêt à riposter sur-le-champ.

C’est ce qu’ont confirmé vendredi matin le premier ministre Justin Trudeau et la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui est à Washington pour tenter de convaincre les élus du Parti républicain qu’imposer des tarifs est une mauvaise idée.

«Nous n’hésiterons pas à agir», a affirmé M. Trudeau lors d’une réunion du Conseil sur les relations canado-américaines nouvellement formé, à Toronto. «Nous réagirons et, je le répète, tout est sur la table.»

Au début de la réunion, M. Trudeau a soutenu qu’on va «continuer d’être là en tant que Canadiens, forts, raisonnables, pas en train de chercher la bagarre, mais on va être là pour la bagarre si c’est nécessaire».

En conférence de presse virtuelle depuis la capitale américaine, Mme Joly a confirmé que, si M. Trump met sa menace à exécution dès le jour de son assermentation, le Canada ne mettra pas de temps avant de réagir.

«Nous avons une série de mesures qui sont déjà prêtes, certainement des tarifs liés à l’importation, et si jamais le président va de l’avant dès lundi, nous serons prêts», a-t-elle affirmé.

«Et nous sommes prêts aussi pour une deuxième ronde. Et nous sommes prêts pour une troisième ronde. Et nous sommes prêts à mettre de la pression maximale, parce que c’est une guerre commerciale que le président Trump commencerait», a-t-elle ajouté.

Rencontres à Washington

Depuis mercredi, Mme Joly se trouve à Washington pour tenter de faire comprendre aux élus républicains du Congrès que, si l’administration Trump impose bel et bien des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens, l’économie américaine subira aussi des contrecoups importants.

Selon ses dires, plusieurs de ses interlocuteurs ont été «surpris» de découvrir à quel point l’économie des États-Unis pourrait être affectée par de tels tarifs, qu’elle qualifie désormais de «taxes Trump».

Ce message sera-t-il suffisant pour convaincre l’administration Trump de reculer? Difficile à dire.

«Lorsque vient le fait de travailler avec le président Trump, on sait que l’ultime décideur, c’est lui. C’est le président lui-même. Alors, on ne doit prendre rien pour acquis et on doit se défendre. On doit être prêts, et c’est exactement le travail que je fais ici à Washington», a mentionné la ministre Joly.

Questionnée à savoir si, à trois jours du retour de Donald Trump au pouvoir, elle a l’impression que la future administration ira réellement de l’avant avec des tarifs douaniers de 25 %, Mélanie Joly a souligné qu’il faut se préparer à toute éventualité.

«Je pense que la décision (sur l’ampleur des tarifs) n’est pas prise, et je pense que la seule personne qui sait quelle décision sera prise, c’est le président lui-même», a-t-elle expliqué, ce qui l’a poussée à dire que la réponse du Canada est peut-être même plus prête que la menace des États-Unis.

Au cours de son passage à Washington, Mme Joly a discuté tant avec des républicains qu’avec des démocrates, dont le chef de la majorité au Sénat, John Thune, le sénateur de Caroline du Sud Lindsay Graham, la sénatrice du New Hampshire Jeanne Shaheen et le sénateur de l’Idaho James Risch.

Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, était également dans la capitale américaine cette semaine. Il a aussi affirmé jeudi que le plan de M. Trump concernant les tarifs douaniers n’était pas clair, même parmi les élus républicains.

Le Conseil sur les relations canado-américaines mis sur pied par le gouvernement Trudeau doit «soutenir le premier ministre et le conseil des ministres en cette période cruciale pour les relations entre le Canada et les États-Unis».

Trois anciens premiers ministres provinciaux, Jean Charest, Rachel Notley et Stephen McNeil, font partie du Conseil des relations canado-américaines, tout comme l’ambassadrice du Canada à Washington, Kirsten Hillman.