Le rapport sur la tuerie en N.-É. alimente le débat sur le contrôle des armes à feu

OTTAWA — Sur place jeudi matin à Truro, en Nouvelle-Écosse, pour le dépôt du rapport de la commission d’enquête sur la tuerie de 2020, Justin Trudeau n’a pas voulu répondre aux questions des journalistes, notamment sur la réforme de la police fédérale ou le contrôle des armes à feu.

Dans une brève déclaration, le premier ministre a simplement indiqué que son gouvernement «prendra le temps de bien assimiler et comprendre les recommandations, les conclusions et les opportunités que la commission nous propose de saisir».

«Il ne fait aucun doute qu’il doit y avoir des changements et qu’il y en aura, mais nous prendrons le temps de bien faire les choses», a-t-il dit.

Dans son rapport final, la Commission des pertes massives a fait notamment une série de recommandations visant à renforcer les lois fédérales sur les armes à feu.

La commission d’enquête sur cette tuerie, qui a fait 22 morts en Nouvelle-Écosse en avril 2020, recommande notamment à Ottawa d’interdire toutes les armes de poing semi-automatiques et de nombreux types de carabines et de fusils de chasse semi-automatiques. Les commissaires recommandent aussi l’élaboration d’une «annexe et de définitions normalisées» de 206 armes à feu prohibées dans le Code criminel.

Le Parlement débat toujours d’un projet de loi sur le contrôle des armes à feu présenté en mai dernier par les libéraux. Le projet de loi C-21 comprenait une proposition d’amendement, depuis retirée, visant justement à enchâsser une définition des armes à feu de type «assaut» dans la loi fédérale.

Les cinq armes utilisées par le tueur lors de la tuerie d’avril 2020 en Nouvelle-Écosse avaient été obtenues illégalement et l’auteur du carnage n’avait pas de permis pour posséder des armes à feu.

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré jeudi que son gouvernement s’était engagé à «examiner le rapport et à donner suite à ses recommandations».

Le Nouveau Parti démocratique a déclaré qu’il soutenait les appels à la suppression des échappatoires qui permettent aux gens de se procurer des armes, des pièces et des munitions sans permis. Mais le porte-parole du parti en matière de sécurité publique ne s’est pas engagé à appuyer la définition proposée par les libéraux des armes dites «d’assaut».

«Le gouvernement a présenté une longue liste qui a été mal considérée, et le comité (de sécurité publique) dans son ensemble devra examiner tous les amendements», a déclaré Peter Julian dans le foyer de la Chambre des communes, jeudi.

«En ce moment, nous avons une situation où les fabricants peuvent venir réintroduire des armes qui contournent toutes les définitions existantes, et nous n’avons pas de processus en place qui oblige les fabricants à être responsables.»

PolySeSouvient, qui représente les survivants et les familles de victimes de la tuerie de Polytechnique en 1989, a accueilli «très favorablement» les recommandations de la commission, «qui réitèrent plusieurs» de ses demandes formulées au fil des ans.

«Nous espérons que ce rapport extraordinairement rigoureux ainsi que ses recommandations spécifiques sur le contrôle des armes convaincront les législateurs canadiens de multiplier leurs efforts pour réintroduire des amendements au projet de loi C-21 afin d’interdire de façon permanente les armes d’assaut, indique Nathalie Provost, survivante et porte-parole de PolySeSouvient.

«Alors que le retrait des amendements initiaux a été fait dans un contexte de désinformation et hautement politisé, ce rapport remet les véritables objectifs de sécurité publique à l’ordre du jour.»