Le travail reprend dans les ports de la C.-B. paralysés par une grève depuis 13 jours

VANCOUVER — Le travail a repris dans les ports de la Colombie-Britannique après qu’une entente de principe a été conclue pour mettre fin à une grève qui avait interrompu les mouvements de marchandises pendant 13 jours et fait craindre que des échanges commerciaux d’une valeur de plusieurs milliards aient été bloqués.

Un porte-parole de l’Association provinciale des employeurs maritimes a déclaré que le travail avait repris jeudi à 16h30 (heure du Pacifique).

La Presse Canadienne a vu des travailleurs en tenue de sécurité arroser de l’équipement et marcher au milieu de conteneurs dans une gare de triage du port de Vancouver vers 17h30.

«Entre le quart de travail actuel de 16h30 et le quart de nuit de 01h00 ce soir, nous avons envoyé plus de 120 (travailleurs) uniquement dans la section locale 500 de Vancouver (port intérieur) et la demande augmente avec plus de 500 travailleurs pour le quart de travail de 08h00 demain matin (vendredi)», a écrit le porte-parole dans un message.

L’association des employeurs maritimes avait indiqué plus tôt jeudi qu’elle avait conclu une entente de principe, d’une durée de quatre ans, avec le syndicat représentant les 7400 débardeurs en grève, l’«International Longshore and Warehouse Union Canada».

Le syndicat n’a pas commenté l’accord, mais le ministre fédéral du Travail Seamus O’Regan et le ministre des Transports Omar Alghabra ont déclaré jeudi dans un communiqué conjoint que les deux parties finalisaient les détails de la reprise du travail.

Dans un message sur Twitter réagissant à l’entente de principe, M. O’Regan a déclaré que «la grève était terminée».

L’entente de principe a été conclue après que le ministre fédéral Seamus O’Regan a demandé à un médiateur de proposer les termes d’un éventuel règlement, plus tôt cette semaine. Le ministre expliquait mercredi soir que «la différence entre les positions de l’employeur et du syndicat n’était pas suffisante pour justifier la poursuite» de la grève.

Le syndicat et les employeurs avaient 24 heures pour répondre à la proposition de règlement du médiateur, que les deux parties ont reçue mercredi.

Cette entente de principe doit maintenant être ratifiée par les deux parties, de sorte que les détails ne seront pas rendus publics. L’association des employeurs maritimes soutient que l’entente «reconnaît les compétences et les efforts des débardeurs de la Colombie-Britannique».

Dans une déclaration commune, jeudi, le ministre O’Regan et son collègue des Transports, Omar Alghabra, ont remercié les deux parties, en rappelant toutefois que «l’ampleur de ces perturbations est considérable».

«Elle a montré à quel point les relations entre l’industrie et les syndicats sont importantes pour notre intérêt national. Nos chaînes d’approvisionnement et notre économie en dépendent.

«Nous ne voulons pas nous retrouver dans la même situation, écrivent les ministres fédéraux. Des accords comme celui-ci, conclus entre les parties à la table des négociations, sont le meilleur moyen d’éviter cela.»

Depuis le 1er juillet

La grève a interrompu depuis le 1er juillet les expéditions à destination et en provenance d’une trentaine de ports de la Colombie-Britannique, dont le plus important au Canada, celui de Vancouver.

La Chambre de commerce du Grand Vancouver affirme qu’en date de mercredi, 63 000 conteneurs attendaient d’être déchargés de navires dans les ports de la Colombie-Britannique. Selon la Chambre, ce nombre aurait atteint 245 000 conteneurs si la grève avait duré jusqu’à la fin du mois de juillet.

Bridgitte Anderson, PDG de la Chambre de commerce, s’est réjouie de l’entente conclue, mais elle a noté qu’il faudrait du temps pour que les activités de fret reprennent à la normale et que l’économie se redresse.

«Les conséquences de la grève ont été ressenties dans divers secteurs à l’échelle nationale et se poursuivront pendant un certain temps», a-t-elle déclaré jeudi.

La Chambre de commerce estime que la grève de 13 jours — le plus long arrêt de travail depuis plus de 40 ans, selon Mme Anderson — avait perturbé jeudi matin des activités commerciales d’une valeur de 9,7 milliards $.

Dennis Darby, PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, a déclaré dans un communiqué qu’il était soulagé que la «crise» semble être terminée, mais il a noté que les fabricants passeraient les «prochains mois à rattraper le temps perdu».

«Le coût total pour notre industrie n’est pas seulement les jours de grève, mais les jours et les mois de travail qui précèdent et suivent une perturbation», a-t-il déclaré. «C’est pourquoi nous avons besoin de réformes qui éviteront un arrêt complet du système de transport et des chaînes d’approvisionnement du Canada tous les six mois.»

La PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Véronique Proulx, a «souhaité vivement que cette entente soit entérinée dans les plus brefs délais afin de régler ce conflit de travail qui a déjà trop fortement impacté nos entreprises«.

«Les manufacturiers du Québec sont pris en otage avec ces grèves à répétition, écrit-elle. Le transport doit devenir un service essentiel alors qu’une grève a le pouvoir de paralyser l’économie du Québec, et ultimement, tous les Québécois.»