Les Communes reconnaissent le caractère génocidaire des pensionnats pour Autochtones

SASKATOON — La Chambre des communes a accordé son consentement unanime au dépôt de la motion d’une députée néo-démocrate qui demande au gouvernement de reconnaître comme génocide ce qui s’est passé dans les pensionnats pour Autochtones au Canada.

La députée manitobaine Leah Gazan qualifie le geste d’«historique». Sa motion, présentée jeudi après la période des questions, faisait référence à la convention des Nations unies sur le génocide, adoptée en 1948. 

Cette convention internationale définit le génocide comme le fait de tuer des membres d’un groupe, de leur causer de graves dommages physiques ou mentaux, de les soumettre intentionnellement à des conditions d’existence devant entraîner leur destruction physique totale ou partielle, d’instaurer des mesures pour empêcher les naissances, ou transférer de force des enfants à un autre groupe.

Un courriel envoyé par le cabinet du ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, indique que les pensionnats faisaient partie d’une «politique coloniale honteuse et raciste» qui a retiré les enfants autochtones de leurs communautés et leur a refusé leurs familles, leur langue et leur culture.

Le gouvernement accepte la conclusion de l’enquête de 2019 sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, selon laquelle ce système de pensionnats constitue un génocide, selon le communiqué. Le premier ministre Justin Trudeau a déjà déclaré en 2019 qu’il acceptait ces conclusions.

La députée de Winnipeg Centre avait présenté une motion similaire l’année dernière, peu de temps après que la nation Tk’emlups te Secwepemc a annoncé que de présumées tombes anonymes se trouvaient sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique. Son avis de motion n’avait pas reçu le consentement unanime de la Chambre. Cette fois-ci, Mme Gazan croit que le pape François a fait une différence significative.

Au cours de sa visite de six jours au Canada, en juillet, le pape s’est excusé à plusieurs reprises pour le rôle de l’Église catholique dans les pensionnats et d’autres politiques d’assimilation des Autochtones. À la question d’un journaliste sur le vol de retour à Rome, le pape a reconnu qu’il s’agissait d’un génocide.

On estime que sur un siècle, 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter des pensionnats fédéraux. Plus de 60 % de ces pensionnats étaient tenus par des congrégations religieuses catholiques.

La Commission de vérité et réconciliation a détaillé les mauvais traitements infligés aux enfants dans ces pensionnats, y compris des agressions physiques et sexuelles, sans compter la violence psychologique.

Le rapport final de la commission, publié en 2015, a qualifié ce qui s’y est passé de «génocide culturel». Mais dans les années qui ont suivi, de nombreux dirigeants et experts autochtones ont estimé qu’on devrait parler de génocide pur et simple, non plus «culturel».

Mme Gazan a déclaré qu’elle avait brièvement parlé avec des membres du gouvernement libéral des prochaines étapes pour la suite des choses. Elle souhaite de son côté une consultation avec les Autochtones sur la meilleure façon de procéder.

«Je pense que ces choses doivent être faites de manière réfléchie et prudente, afin que les survivants puissent obtenir la justice qu’ils sont en droit d’attendre», a-t-elle déclaré.