Les conservateurs se défendent de nuire à l’accord commercial avec l’Ukraine
OTTAWA — Les députés conservateurs fédéraux ont défendu mardi leur décision de voter contre un projet de loi concernant une mise à jour de l’accord commercial entre le Canada et l’Ukraine, plaidant qu’ils ont tout à fait le droit de s’opposer à certaines parties de l’accord et rappelant que leur choix ne causera aucun préjudice à cette nation déchirée par la guerre.
Les députés conservateurs ont mis de l’avant leurs arguments alors que les libéraux continuaient de soutenir que la position des conservateurs démontrait la fin de leur soutien envers l’Ukraine. Deux organisations nationales ukrainiennes canadiennes ont également exprimé leur déception.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a insisté sur le fait que la décision de son parti de voter contre le projet de loi du gouvernement était liée au libellé de l’accord, qui stipule que les deux pays vont «promouvoir la tarification du carbone».
Il a clarifié que ses députés ne rejetaient pas l’idée même de moderniser l’accord avec l’Ukraine, qui lutte depuis 2022 contre l’invasion russe.
Mais le premier ministre Justin Trudeau et son cabinet ont affirmé que les conservateurs suivaient les traces de certains républicains américains, qui manifestent moins de volonté à soutenir l’effort de guerre en Ukraine.
L’acrimonie s’est poursuivie mardi lorsque les députés membres du Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes ont procédé à l’étude article par article du projet de loi.
Les conservateurs ont tenté à tour de rôle de faire modifier le projet de loi pour donner à l’Ukraine un meilleur accès aux exportations d’armes et d’équipements nucléaires.
Ces tentatives ont cependant été rejetées par le président du comité. Lorsque les conservateurs ont demandé des votes par appel nominal, les députés libéraux et néo-démocrates s’y sont opposés.
Le porte-parole conservateur en matière de commerce international, Kyle Seeback, a soutenu qu’il était «honteux» que les libéraux fassent un lien entre la position du parti concernant ce projet de loi et leur volonté à soutenir l’Ukraine.
Leur dissidence «n’a rien fait» pour entraver l’avancement du projet de loi, a-t-il ajouté. Une majorité des membres du comité ont voté mardi pour approuver le projet de loi et le renvoyer à la Chambre des communes, bien que les conservateurs aient encore une fois voté contre.
«Devinez quoi? Il vient tout juste de sortir du comité», a fait remarquer M. Seeback.
«Cela ne cause aucun mal. Nous pouvons nous opposer aux mauvaises mesures législatives. Nous pouvons nous opposer aux obsessions idéologiques sur les taxes sur le carbone et la misère (que les libéraux) ont imposées aux Canadiens.»
Des responsables canadiens ont précisé que les dispositions concernant la tarification du carbone dans l’accord, que le président ukrainien a signé lors de sa visite à Ottawa en septembre, n’étaient pas juridiquement contraignantes.
L’Ukraine a déjà mis en place une tarification sur le carbone il y a plus d’une décennie, et son ambassadeur demande au Canada d’adopter le projet de loi.
Des groupes demandent aux conservateurs de changer de camp
La présidente nationale du Congrès ukrainien du Canada, Alexandra Chyczij, espère que les conservateurs reconsidéreront leur position.
«Le Congrès ukrainien du Canada a été déçu que l’opposition officielle ait voté à l’unanimité contre une loi qui mettrait à jour l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine», a-t-elle écrit dans un communiqué.
«Nous demandons à l’opposition officielle de revoir cette position avant la troisième lecture.»
Mardi, l’organisation s’est tournée vers les réseaux sociaux pour encourager les Canadiens à contacter leurs députés afin qu’ils votent en faveur du projet de loi.
«Nous avons besoin de votre aide pour garantir que la modernisation de l’accord de libre-échange soit adoptée à l’unanimité par la Chambre», a-t-elle lancé.
Le président de la Chambre de commerce Canada-Ukraine, Zenon Potichny, a mentionné mardi à La Presse Canadienne qu’il espère lui aussi que les conservateurs reverront leur position, afin que le Parlement puisse approuver l’accord mis à jour avec un soutien unanime.