Ottawa interdit 324 nouvelles armes à feu et songe à les offrir à l’Ukraine
OTTAWA — Le gouvernement fédéral interdit 324 autres types d’armes à feu — des armes qui, selon les libéraux, devraient être utilisées par des soldats sur les champs de bataille et non par des chasseurs ou des tireurs sportifs.
Cette nouvelle mesure fait suite à l’interdiction de 1500 marques et modèles d’armes à feu décrétée par le gouvernement libéral en mai 2020. Ce nombre est passé à plus de 2000 armes en novembre dernier, alors que de nouvelles variantes ont été identifiées et ajoutées à la liste.
L’interdiction fédérale de centaines d’autres armes a été annoncée jeudi après que des défenseurs du contrôle des armes à feu se soient inquiétés du fait que de nombreuses armes à feu de type assaut n’étaient pas couvertes par l’interdiction de 2020.
Cette mesure a été prise à la veille du 35e anniversaire du meurtre de 14 femmes par un tireur armé d’un Ruger Mini-14 à l’École Polytechnique de Montréal.
Le gouvernement fédéral affirme qu’il travaille avec les provinces, les territoires et les corps policiers sur un programme de rachat d’armes prohibées auprès de propriétaires individuels.
Ottawa affirme également s’être engagé auprès du gouvernement ukrainien à travailler avec les entreprises d’armes à feu et à déterminer comment ces armes rachetées pourraient être données à Kyiv afin de soutenir la lutte contre l’invasion russe.
«Chaque aide que nous pouvons offrir aux Ukrainiens est un pas vers leur victoire et un investissement utile de notre temps et de nos efforts collectifs», a déclaré le ministre de la Défense Bill Blair lors de la conférence de presse.
Les groupes qui réclament un contrôle plus strict des armes à feu ont applaudi l’annonce du gouvernement.
Nathalie Provost, porte-parole de PolySeSouvient, blessée lors du massacre de 1989, a déclaré : «Je pleure, mais je souris aussi parce que c’est un pas en avant important, et je crois vraiment que ce qui reste à faire sera fait.»
Les médecins canadiens pour la protection contre les armes à feu ont ajouté : «Les armes à feu qui peuvent blesser et tuer de nombreuses personnes en quelques instants n’ont pas leur place dans notre société.»
Les députés conservateurs et certains propriétaires d’armes à feu se sont farouchement opposés aux efforts des libéraux visant à interdire certaines armes à feu, car ils considèrent qu’il s’agit d’une attaque contre les citoyens respectueux des lois.
La critique conservatrice en matière de sécurité publique, Raquel Dancho, a indiqué que cette dernière mesure était une attaque contre «les chasseurs légaux et contrôlés, les tireurs sportifs et les peuples autochtones qui utilisent les armes à feu de manière sûre et légale comme ils le font depuis des générations.»
La Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu a souligné que cette annonce était typique de la politique libérale de «diviser pour mieux régner». «Ils savent qu’ils n’ont plus de temps et que les Canadiens n’ont plus d’argent.»
Le ministre de la Justice de l’Alberta, Mickey Amery, a expliqué que le gouvernement provincial s’opposait fermement à «la reclassification arbitraire des armes à feu et au programme gaspilleur, inefficace et retardé à plusieurs reprises du gouvernement fédéral visant à confisquer ces armes à feu».
D’autres armes pourraient être ajoutées à la liste
Les armes à feu nouvellement interdites partagent les mêmes caractéristiques techniques que celles interdites en mai 2020.
Cela signifie qu’elles ne peuvent plus être utilisées ou vendues légalement au Canada et ne peuvent être transférées ou transportées que dans des circonstances limitées.
À la suite de l’interdiction de mai 2020, une amnistie pour les particuliers et les entreprises a été mise en place, ce qui leur a laissé le temps de se conformer. Un nouvel ordre d’amnistie a été introduit pour les armes à feu interdites jeudi.
Les autorités ont clairement indiqué que d’autres marques et modèles pourraient être ajoutés à la liste des armes à feu interdites, affirmant qu’un groupe d’experts fournirait des conseils sur les armes qui sont toujours sur le marché.
Par exemple, le fusil SKS, qui a été utilisé lors de fusillades, reste légal. Le ministre LeBlanc a affirmé qu’une décision concernant cette arme à feu, utilisée par de nombreux peuples autochtones pour la chasse, serait prise d’ici février, avant la prochaine phase du programme de rachat.
«Nous voulons y réfléchir au cours des prochaines semaines.»
À la fin de l’année dernière, le Parlement a adopté un projet de loi gouvernemental qui a renforcé les restrictions sur les armes de poing, a augmenté les sanctions pour le trafic d’armes à feu et visait à freiner les armes fantômes artisanales.
Le gouvernement affirme qu’il travaille à la mise en œuvre complète du projet de loi, les dispositions restantes devant entrer en vigueur au début de la nouvelle année.
La législation comprenait une interdiction des armes à feu de type assaut qui relèvent d’une nouvelle définition technique. Cependant, la définition ne s’appliquait pas aux modèles qui étaient déjà sur le marché lorsque le projet de loi a été adopté.
Le gouvernement a déclaré qu’il avait l’intention de déposer des modifications réglementaires au Parlement le 13 décembre, donnant suite à ses engagements visant à s’assurer que toutes les marques et tous les modèles d’armes à feu soient pris en compte avant leur entrée sur le marché canadien.