Pas de réorganisation imposée aux syndicats dans la santé: soupirs de soulagement
MONTRÉAL — Les syndicats du secteur public se félicitent de ce qu’ils décrivent comme un recul du gouvernement du Québec dans sa volonté d’imposer une réorganisation des syndicats dans la santé et un maraudage à l’avenant.
Leur conclusion est tirée d’une phrase contenue dans la déclaration ministérielle de Sonia LeBel à l’Assemblée, mercredi: «une des clés nous apparaît d’éviter des changements qui provoqueraient un maraudage ou des changements majeurs dans les accréditations» syndicales, a-t-elle affirmé.
La réforme Dubé, qui a créé Santé Québec comme employeur unique, incluait aussi un rebrassage des catégories d’emplois et prévoyait également qu’il n’y aurait plus qu’une seule convention collective par catégorie d’emploi, dans le but d’alléger les négociations.
Cela aurait forcé les syndicats à se marauder pour savoir lequel deviendrait majoritaire pour représenter les préposés aux bénéficiaires, par exemple. Et des syndicats auraient pu perdre des milliers de membres.
Avec sa déclaration, la ministre LeBel indique donc un changement de cap — au grand soulagement des syndicats.
Cette réorganisation «aurait créé encore plus d’instabilité dans un réseau déjà fragilisé», commente ainsi la CSN. «Pour une fois, le gouvernement a résisté à la volonté d’aller vers davantage de centralisation et nous nous en réjouissons.»
La CSQ renchérit: «nous sommes très satisfaits que la balance ait penché du côté de la liberté d’association; il s’agit d’une bonne nouvelle pour le syndicalisme.»
La FTQ juge que «le fait d’exclure tout maraudage ne sera que bénéfique autant pour la population, les services publics que les travailleuses et les travailleurs de ces réseaux. Cela va nous éviter des distractions et nous permettre de nous concentrer sur les services à donner à la population».
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux «salue l’intention annoncée de la présidente du Conseil du trésor de reculer sur la réorganisation imposée de la représentation syndicale». L’APTS y voit «un signal positif».
Quant à la FIQ, qui avait déjà amorcé une campagne pour ne pas perdre les inhalothérapeutes et les perfusionnistes, elle s’en réjouit aussi. «Nous saluons l’intention du gouvernement d’éviter les changements majeurs dans les accréditations syndicales et le maraudage. Cela signifie le maintien des inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques dans la catégorie 1», qui est celle des infirmières.
Réforme de la négociation
Pour ce qui est du reste de la déclaration de la ministre LeBel, à savoir sa réforme à venir du régime de négociations dans les secteurs public et parapublic, les syndicats attendent de voir en quoi elle consistera. Entre-temps, ils disent rester vigilants.
«Nous sommes prêts à explorer de nouvelles façons de faire pour moderniser les négociations. Après 40 ans, il était temps! Favoriser des ententes plus rapides est un objectif louable. Par contre, une réforme de cette ampleur doit être précédée de consultations rigoureuses avec les organisations syndicales. La solution retenue devra être avantageuse pour les deux parties», a commenté le Syndicat des professionnels du gouvernement (SPGQ).
Durant la dernière négociation du secteur public, les syndicats eux-mêmes déploraient la lourdeur et la longueur du processus.
Les récriminations à l’endroit du processus de négociations ne datent pas d’hier; le premier ministre René Lévesque lui-même, dans les années 1980, parlait du «psychodrame triennal des Québécois».