Secteur public: la mobilisation monte d’un cran à l’échéance des conventions

MONTRÉAL — La mobilisation monte d’un cran dans le secteur public, alors que des militants du front commun intersyndical et de la FIQ ont manifesté, jeudi à Québec et Montréal, pour marquer l’échéance des conventions collectives.

Les conventions collectives 2020-2023, qui couvrent 600 000 employés de l’État, viennent à échéance le 31 mars.

Pour l’occasion, le front commun, qui regroupe la CSQ, la CSN, l’APTS et la FTQ, a manifesté jeudi midi devant le parlement à Québec. Il a d’abord réuni près de 2000 militants provenant de ses principaux syndicats pour discuter des négociations et de mobilisation, en avant-midi, avant de manifester sur l’heure du midi devant le parlement.

De leur côté, une centaine de militantes de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) ont manifesté en matinée devant un hôtel du centre-ville de Montréal, où les comités de négociation patronal et syndical se réunissaient pour une autre séance.

S’adressant à ses militantes jeudi matin, la présidente de la FIQ, Julie Bouchard, a souligné le fait qu’il n’y avait eu jusqu’ici que huit séances de négociations avec Québec, incluant celle où les demandes de la FIQ ont été déposées, en novembre 2022. 

La FIQ a déposé 60 demandes, touchant par exemple la conciliation travail-famille, les congés et les ratios infirmière-patients, après avoir consulté ses membres sur leurs besoins.

«Huit rencontres en quatre mois, c’est nettement insuffisant. Ce n’est certainement pas le signal de quelqu’un qui veut régler rapidement», a lancé la dirigeante syndicale, qui représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.

«Y a des limites» ont entonné les militantes de la FIQ, sous les sirènes, les klaxons et les cris de ralliement, destinés à motiver leur comité de négociation qui entrait au travail pour discuter face au comité patronal.

En point de presse à Québec, le front commun a voulu faire une première démonstration de force, lui qui représente 420 000 membres par ses quatre grandes organisations membres.

«Le message est très fort aujourd’hui. On est à l’échéance des conventions collectives et déjà 2000 travailleuses et travailleurs sont prêts à se mobiliser pour dire au gouvernement: on a tenu le Québec à bout de bras dans les dernières années; on veut plus que de la reconnaissance; on veut être traité équitablement, dans la dignité», a résumé Magali Picard, présidente de la FTQ.

«Il va falloir passer à autre chose que la visibilité», a prévenu Éric Gingras, président de la CSQ.

«Il va falloir se battre, parce que c’est pas avec des mercis que vous allez payer votre épicerie», a lancé le vice-président de la CSN, François Énault, aux manifestants.

«On va se déployer à partir d’aujourd’hui dans nos établissements. C’est le début de quelque chose de grand aujourd’hui», a lancé Robert Comeau, président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux.

Au plan salarial, le front commun réclame pour la première année 100 $ par semaine ou l’IPC plus 2 % — selon la formule la plus avantageuse pour le travailleur — puis l’IPC plus 3 % pour la deuxième année et l’IPC plus 4 % pour la troisième année.

Québec offre à l’ensemble des employés de l’État 9 % d’augmentations salariales sur cinq ans, plus un montant forfaitaire de 1000 $, plus une somme équivalant à 2,5 % réservée à des «priorités gouvernementales», soit un total qu’il évalue à 13 % sur cinq ans.

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a dit vouloir régler rapidement ces conventions collectives, en négociant de bonne foi, dans le respect de la capacité de payer des contribuables.