Secteur public: les primes prolongées jusqu’au 15 octobre n’ont pas encore pris fin

MONTRÉAL — Le versement des primes que touchent des milliers de travailleurs du secteur public, qui devait prendre fin le 15 octobre, n’a pas encore été interrompu, rapportent les syndicats concernés.

Ces primes devaient prendre fin le 30 septembre et elles avaient été prolongées au 15 octobre. Dans certains cas, des primes devaient même prendre fin le 31 mars dernier et elles avaient été prolongées par Québec.

Ces primes valent quelque 600 millions $, avait précisé en entrevue la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. Elles concernent le personnel infirmier, les psychologues, les ouvriers spécialisés ou ceux qui travaillent auprès des personnes en CHSLD, par exemple.

Le 25 septembre, la ministre LeBel avait demandé aux syndicats de réduire le nombre de leurs demandes sectorielles à cinq, comme elle-même s’engageait à le faire d’ici deux semaines, à défaut de quoi ces primes prendraient fin.

Si les syndicats réduisaient leurs demandes sectorielles comme demandé, les primes devaient être maintenues jusqu’en décembre, le temps de finaliser la négociation des conventions collectives, avait expliqué la ministre LeBel.

Ces primes peuvent représenter des milliers de dollars par travailleur concerné. Pour le personnel infirmier, ces primes de rétention sont de 7,5 % pour le quart de soir, de 6 % pour le quart de nuit et de 3,5 % pour le quart de jour, a rapporté la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ).

Pendant l’analyse

«Pour le moment, la seule réponse qu’a obtenue le comité de négociation, en lien avec les primes, c’est que les établissements ont reçu la consigne de ne pas cesser les primes en question, pendant que le gouvernement analyse nos demandes priorisées. En toute franchise, on ne comprend pas pourquoi le gouvernement a créé un psychodrame avec ces primes. La priorisation de nos demandes était déjà prévue et la partie patronale le savait. À part inquiéter des milliers de professionnelles en soins, ça n’a pas apporté grand-chose à la conversation», a commenté Jérôme Rousseau, vice-président de la FIQ et coresponsable de la négociation.

«On nous a indiqué que les primes n’étaient pas coupées pour le moment, mais sans plus. On n’a pas eu plus d’information», a fait savoir la première vice-présidente de l’APTS, Josée Fréchette, en entrevue mercredi.

À la FTQ, la présidente Magali Picard a déploré le climat d’incertitude dans lequel sont ainsi plongés les travailleurs concernés. «Le chantage du gouvernement dans le dossier des primes devient gênant pour la ministre LeBel. Coupe, coupe pas, coupe si vous n’êtes pas gentils. Ça ne fait pas sérieux et c’est à la limite insultant. La ministre devrait plutôt se concentrer sur la négociation et faire débloquer les mandats aux différentes tables plutôt que de gérer par la menace», a-t-elle lancé.

À la CSQ aussi, le président Éric Gingras rapporte une situation similaire. «À ce jour, les primes n’ont pas été coupées. Mais nous n’avons pas d’indications claires quant à leur maintien ou non, cela dit. De ce que nous comprenons, la présidente du Conseil du trésor est en attente de voir la suite des choses quant au travail qui sera fait aux tables dans les prochaines semaines et qu’elle prendra une décision selon l’évaluation qu’elle en fera. De notre côté, nous estimons que les primes ne doivent pas servir à faire du chantage et comme levier de négociation, par respect pour les travailleuses et les travailleurs.»

À la CSN aussi, le vice-président François Enault rapporte qu’il n’y a «pas de coupure de prime encore» qui a été annoncée. «Je suis un gars optimiste et positif, alors j’espère que c’est un signe de bonne foi et qu’on pourrait mettre les primes de côté pour un bout et se concentrer sur les négociations», a-t-il commenté.

Les demandes sectorielles que la ministre veut voir réduites en nombre sont celles qui concernent les conditions de travail dans les secteurs comme la santé et l’éducation. Elles ne concernent pas les salaires ni le régime de retraite, qui sont négociés à la table centrale.