À 19 ans, Wilkens Mathieu cogne déjà à la porte de l’élite mondiale

SHAWINIGAN — Wilkens Mathieu est encore un très jeune boxeur à 19 ans. Malgré son jeune âge, son entrée dans l’élite de la boxe ne saurait tarder. Mais Eye of the Tiger Management ne compte pas la provoquer trop rapidement.

«Il va avoir 20 ans en janvier. On va prendre notre temps avec lui», a indiqué, sourire aux lèvres, Camille Estephan, président d’EOTTM, dans les entrailles du Centre Gervais Auto, samedi.

«Il a livré une très bonne performance. Il s’améliore et il profite de très bons partenaires d’entraînement. À ce que je comprends, il met parfois les gants avec Christian [Mbilli], Eric Bazinyan. On a une équipe qui est capable de l’améliorer et c’est ce qu’on va faire.»

Samedi, Mathieu (9-0, 6 K.-O.) s’est défait du pugnace Polonais Przemyslaw Gorgon (17-13-2, 6 K.-O.), l’envoyant pas moins de cinq fois au tapis avant que l’arbitre Albert Padulo fils ne mette fin à la soirée de travail des deux pugilistes après 38 secondes au quatrième round.

«J’ai voulu garder ça beau. Peut-être que j’aurais pu le finir plus vite en commençant ‘à swinger’, mais je voulais garder une boxe propre, garder ça classe, a expliqué Mathieu après son combat prévu pour six rounds. Mais il était ‘tough’ aussi, il prenait bien les coups.

«Il avait aussi une bonne puissance, alors je devais le respecter. Il sortait parfois des crochets et je sentais qu’il avait les mains lourdes. Je ne voulais pas prendre de chances.»

Chaque fois qu’il monte sur le ring, Mathieu, qui s’entraîne sous les ordres de Mike Moffa, s’améliore clairement. En neuf combats jusqu’ici, on l’a vu à 160, 168 et samedi, à 172 livres, techniquement chez les mi-lourds (175). Peu importe le poids du combat, sa puissance est au rendez-vous.

«J’en prends de la puissance. Je frappe plus fort que l’année passée», a souligné le boxeur de Québec, qui n’a pas de préférence quant à la division au sein de laquelle il souhaite poursuivre sa carrière.

«C’est certain que 168 livres actuellement, c’est la division la plus relevée, avec les Canelo Alvarez, David Benavidez: il y a des noms à 168» a -t-il dit. Il aurait pu ajouter ceux de Mbilli, Benavidez et Osleys Iglesias, qui boxent tous à la même enseigne que lui.

«À 175, il y a [Artur] Beterbiev, mais il est souvent blessé et je ne pense pas qu’il lui en reste pour longtemps. Et il y a [Dmitrii] Bivol. À part ça, il n’y a pas grand monde à 175. Je pense tout de même que je vais finir à 175, c’est inévitable. Je continue à prendre de la masse musculaire et je n’ai que 19 ans. À 23, 24 ans, c’est clair que je vais être à 175.»

«C’est Mike Moffa, un excellent entraîneur, qui va prendre la décision, a tenu à dire d’entrée de jeu Marc Ramsay, à qui on a posé la question à titre de directeur du développement et entraîneur principal d’EOTTM. Pour ma part, je n’ai jamais été un partisan de la perte de poids. Il faut calculer qu’on a 12 rounds à faire et ça prend beaucoup d’énergie dans le réservoir pour se rendre au bout.

«Il est aussi très grand. Les mi-lourds, c’est une catégorie que je connais bien et j’ai vu beaucoup de gars plus petits que lui. Musculairement, il va encore se développer. J’essaie de m’imaginer ce dont il va avoir l’air à 24, 25 ans. Ça va être impressionnant.»

Mathieu devrait livrer son 10e combat en carrière en août.

Mbilli plus que jamais dans l’antichambre d’un championnat

Boxer 40 petites secondes samedi permettra évidemment à Mbilli de remonter dans le ring le 17 août contre Sergiy Derevyanchenko. Une annonce sera faite à cet effet mardi, au Centre Vidéotron. Ce combat, espère son clan, lui ouvrira enfin les portes des combats de championnat.

«C’est clair, a affirmé Ramsay, son entraîneur. On est prêt. Oui, on dit qu’on a toujours des choses à améliorer au gymnase, mais on est là et on veut juste notre opportunité, notre chance. En même temps, il a livré [samedi] le combat idéal, car on n’a laissé aucune information. T’as beau étudier ce combat, il n’y a rien à en tirer.»

Ramsay ne craint pas de devoir revivre le même scénario avec Eleider Alvarez, qui a attendu des années l’occasion de monter dans le ring contre le champion WBC des mi-lourds de l’époque, Adonis Stevenson, alors qu’il était son aspirant obligatoire.

«Si tu te rappelles bien, pour Eleider, ça c’était très bien terminé. Il avait battu Sergey Kovalev pour devenir champion du monde, a rappelé l’entraîneur. Il faut juste être un peu patient, continuer de travailler et garder le boxeur concentré sur son rêve. Ce n’est pas un problème avec Christian. On se sert du temps supplémentaire qu’on a pour être encore plus prêt quand le téléphone va sonner.»

«Ça c’est le bout où j’interviens, a déclaré plus tôt cette semaine Estephan. Comme promoteur, c’est à moi de m’assurer que Christian ne poireaute pas sur les lignes de côté.»