Cinq joueurs d’ÉCJ de 2018 seraient bientôt accusés, selon le Globe and Mail

TORONTO — Cinq joueurs de l’équipe canadienne du championnat mondial junior de 2018 ont obtenu congé de leurs clubs respectifs alors qu’on rapporte que cinq membres de la formation ont été priés de se rendre à la police de London, en Ontario, pour faire face à des accusations d’agression sexuelle.

Carter Hart des Flyers, Dillon Dube des Flames, Michael McLeod et Cal Foote, tous deux des Devils, ainsi que l’ancien joueur de la LNH Alex Formenton, qui évolue en Suisse, ont obtenu un congé d’une durée indéterminée, ces derniers jours.

Le Globe and Mail, citant deux sources anonymes, a rapporté mercredi que les accusations en cours sont liées à une agression sexuelle en groupe présumée contre une femme dans une chambre d’hôtel à London, en Ontario.

L’incident se serait produit à la suite d’un gala de Hockey Canada en juin 2018, au cours duquel les joueurs ont été honorés pour leur victoire au tournoi mondial junior de cette année-là. Aucune des allégations n’a été prouvée devant les tribunaux.

Les Flyers et le club suisse HC Ambri-Piotta ont invoqué des raisons personnelles pour expliquer les congés de Hart et Formenton. L’équipe suisse a également déclaré que Formenton a été autorisé à revenir au Canada. 

Les Flames ont cité la santé mentale de Dube, tandis que les Devils n’ont pas donné de raison pour laquelle McLeod et Foote ont obtenu un congé.

Les messages laissés aux agents représentant les cinq joueurs n’ont pas eu de réponse dans l’immédiat. 

La LNH, l’AJLNH et Hockey Canada n’ont pas voulu commenter.

La police de London n’a pas voulu confirmer ce que rapporte le Globe.

«Nous ne sommes pas en mesure de fournir une mise à jour pour le moment, a indiqué la police, dans un communiqué. Lorsque nous aurons de plus amples informations à partage, nous serons en contact avec les médias.»

Le ministère du Procureur général de l’Ontario a déclaré mercredi qu’aucune accusation relative à l’incident de 2018 n’avait été déposée devant le tribunal, et La Presse Canadienne ne dispose d’aucune information reliant les congés des joueurs à l’enquête.

La police de London prévoit tenir une conférence de presse le 5 février.

Une femme identifiée comme E.M. dans des documents judiciaires a intenté une poursuite de 3,55 M $ au printemps 2022, rapidement réglée à l’amiable, par Hockey Canada, avant que TSN évoque l’histoire pour la première fois.

Il a été révélé plus tard que l’organisation nationale maintenait un fonds puisé dans les frais de hockey mineur pour payer les responsabilités non assurées, y compris les poursuites liées aux agressions sexuelles.

La gouvernance et la transparence de Hockey Canada ont été remises en question, ce qui a donné lieu à une série d’audiences parlementaires.

Réactions

À Sherbrooke où les membres de la Coalition Avenir Québec sont réunis en caucus, la ministre responsable des Sports, du Loisir et du Plein Air, Isabelle Charest, a estimé que les derniers développements sont plutôt positifs.

«Ça fait la démonstration que personne n’est au-dessus de la loi. (…) De voir que justement, même si ce sont des noms connus, ils seront appelés à répondre de leurs actes. Pour moi, c’est une bonne nouvelle aujourd’hui. Évidemment, on va suivre le dossier et ce qui va sortir de ces informations-là», a-t-elle affirmé.

«Tout d’abord, j’ai une pensée pour la présumée victime dans cette affaire-là. Il faut qu’on puisse tourner la page sur cette situation-là, a pour sa part mentionné le député de Marquette et ex-joueur de la LNH Enrico Ciccone, présent au caucus du Parti libéral du Québec à Thetford Mines, mercredi.

«C’est une question de confiance pour notre société aussi, pour qu’on arrête de croire que les sportifs s’en tirent toujours mieux que d’autres. Pour moi, l’important, c’est qu’on puisse passer à autre chose, qu’on arrive à la fin de ce processus-là. Et si une faute grave a été commise, alors que ceux qui l’ont fasse face à la justice. 

«Hockey Canada est entachée depuis quelques années, a poursuivi Ciccone. On voit avec le temps que beaucoup de choses ont été cachées, ce qui a entraîné une perte de confiance dans le milieu sportif. Ça n’est pas juste chez Hockey Canada; je pense qu’on a fait le tour aussi — d’autres situations dans d’autres fédérations où on tentait de protéger le logo, l’image de l’organisation, avant le bien-être d’un être humain — et pour moi, ça, c’est inacceptable.»

Le député du Bloc québécois Sébastien Lemire a souligné que les révélations du ‘Globe and Mail’ étaient un pas dans la bonne direction, mais a aussi rappelé qu’il restait encore beaucoup de choses à accomplir pour rétablir la confiance du public envers les institutions judiciaires et sportives du pays. 

 «On s’attend à des accusations, en lien avec ces faits allégués là qui se seraient produits à London en 2018, mais il reste encore des éléments troublants qui doivent être éclairés», a-t-il d’abord évoqué en mêlée de presse au Saguenay en marge d’une retraite pré-sessionnelle du caucus bloquiste.

«De plus, il y a quoi? Seize fédérations dans la dernière année qui ont sorti des histoires d’allégations et de faits tout aussi troublants, et on est toujours en attente là-dessus. Le sport est toujours en crise, le sport est toujours malade.»

Des responsables de Hockey Canada ont témoigné devant des parlementaires en juin 2022 que l’organisation avait « fortement encouragé » – sans obliger – les 19 joueurs présents au gala de London à parler à ses propres enquêteurs tiers.

Par la suite, le gouvernement fédéral a gelé le financement et des commanditaires ont retiré leur soutien pendant un certain temps.

Hockey Canada a rouvert son enquête tierce en juillet 2022, ajoutant que la participation des joueurs était désormais obligatoire.

Après une série d’audiences parlementaires, le président-directeur général de Hockey Canada, Scott Smith, a quitté l’organisation en octobre 2022, le jour même de la démission de l’ensemble du conseil d’administration.

La police de London a clôturé une première enquête en février 2019, sans déposer d’accusations, mais a rouvert le dossier en 2022.

Un enquêteur principal a écrit dans des documents juridiques déposés auprès des tribunaux de l’Ontario en décembre 2022 qu’il y avait des raisons de croire qu’une femme avait été agressée sexuellement par cinq joueurs de l’équipe junior.

La LNH a également lancé sa propre enquête; en juin, le commissaire adjoint Bill Daly a déclaré qu’elle était terminée.

Un responsable de Hockey Canada a déclaré à un comité parlementaire lors de l’une de ses audiences de 2022 que l’organisation a versé 7,6 M $ pour neuf règlements liés à des abus et agressions sexuels depuis 1989, en excluant le dossier de London.

Les journalistes de La Presse Canadienne Patrice Bergeron (Sherbrooke, a contribué à cet article.