Hockey Canada révèle qu’il y a eu plus de 900 cas de discrimination l’an dernier

MONTRÉAL — Hockey Canada a déclaré qu’il y aurait eu plus de 900 incidents documentés ou d’actes allégués de discrimination sur la patinoire, tous âges et toutes catégories confondus, pendant la saison 2021-22. 

Ces actes allégués incluent les insultes verbales, les gestes vulgaires et les actes d’intimidation. 

Au total, 512 pénalités auraient été appelées par les arbitres pour discrimination, et 415 allégations auraient été mises sous enquête après les faits. Des 512 pénalités appelées, 61 % portaient sur l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle, devant l’origine ethnique (18 %) et les handicaps (11 %). 

Plus de la moitié de ces incidents – 55 % – se sont produits chez les moins de 18 ans, et 76 % dans les niveaux compétitifs. 

Du groupe, 96 % de ces pénalités ont été octroyées à des joueurs, et 99 % d’entre eux étaient de sexe masculin. 

Au sujet des allégations qui ont échappé aux arbitres et qui ont requis une enquête, 47 % des actes allégués de discrimination portaient sur l’origine ethnique, tandis que 40 % visaient l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle d’un participant. 

La tranche d’âge des moins de 18 ans a été la plus représentée du groupe avec 37 % des incidents, contre 15 % chez les moins de 15 ans, et 9 % chez les moins de 13 ans. Dans 22 % des cas rapportés, la tranche d’âge n’était pas précisée. 

Les données de Hockey Canada ont aussi révélé que 37 % des allégations qui sont passées inaperçues auprès des arbitres sur la patinoire n’ont entraîné «aucune sanction concrète». D’autre part, 18 % ont mené à des suspensions, 17 % à des avertissements écrits, 13 % à des opérations de sensibilisation et 10 % à des sanctions multiples ou «diverses». Cinq pour cent sont encore sous enquête. 

Hockey Canada a ajouté une nouvelle section à son code de conduite en août 2021 afin de lutter contre la maltraitance au sein d’une organisation qui comptait près de 520 000 joueurs enregistrés la saison dernière. 

Le document de 14 pages diffusé vendredi porte sur l’application du règlement 11.4, qui cible particulièrement la discrimination, notamment en lien avec l’origine ethnique, la langue, la religion, l’orientation sexuelle, l’identité sexuelle, les caractéristiques génétiques et les handicaps des participants. 

Ces données ont été révélées dans le premier rapport de l’histoire de l’organisation qui chapeaute le hockey au pays portant sur cet enjeu, et s’inscrit dans sa volonté d’établir un «plan d’action» afin de lutter contre la culture toxique dans le sport. Ces initiatives ont été lancées à la suite des scandales qui ont impliqué les membres d’Équipe Canada junior de 2003 et de 2018. Aucune de ces allégations n’a pour l’instant été soumise au processus judiciaire. 

L’organisation a ajouté que les informations publiées vendredi ne tiennent pas compte des incidents qui se sont produits à l’extérieur de la patinoire, et qui seront analysés à compter de cette saison par le Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport ou un nouveau comité indépendant responsable de traiter ces plaintes. 

Hockey Canada, qui a assuré vouloir être plus transparent à la suite d’une cascade de scandales qui ont suscité la colère de la population et des politiciens, tente de ramasser les pots cassés à la suite d’un printemps, d’un été et d’un automne catastrophiques au cours desquels son financement a notamment été gelé par le gouvernement fédéral. De nombreux commanditaires ont aussi rompu les ponts avec l’organisation, en lien avec sa gestion des allégations d’agressions sexuelles et les révélations entourant les paiements versés aux victimes alléguées. 

Une série d’audiences désastreuses devant le Comité permanent du patrimoine canadien, au cours desquelles les ex-dirigeants et ceux actuels de Hockey Canada ont été criblés de questions sur ces enjeux, a aussi mené à la démission en bloc du bureau des directeurs et au départ du président et directeur des opérations Scott Smith en octobre. 

En parallèle, l’ex-juge de la Cour suprême Thomas Cromwell a lancé une enquête indépendante portant sur la gouvernance au sein de Hockey Canada. Le rapport de 221 pages a conclu que la fédération sportive était «à la croisée des chemins» et qu’elle devait être imputable et chapeautée par une entité indépendante.

Un scrutin réunissant les membres des provinces et des territoires régis par Hockey Canada visant à nommer le nouveau bureau des directeurs et le nouveau président doit se dérouler le 17 décembre.