La joueuse Jenni Hermoso accuse maintenant la fédération espagnole d’intimidation

MADRID — Certaines joueuses de l’équipe espagnole championne de la Coupe du monde sont arrivées au camp d’entraînement mardi, malgré le fait qu’elles aient indiqué qu’elles ne souhaitaient pas être sélectionnées pour représenter leur pays alors qu’elles luttent pour que des changements soient apportés à l’intérieur de la fédération de soccer. 

Un média local a diffusé des images montrant certaines joueuses arrivant à l’hôtel de l’équipe à Madrid, au lendemain de l’arrivée de la nouvelle entraîneuse-cheffe Montse Tomé. Celle-ci a donc ignoré les revendications des joueuses, qui ont indiqué qu’elles ne joueraient pas tant que la fédération espagnole ne se plie pas à leurs requêtes. 

Les joueuses ont déclaré par voie de communiqué lundi qu’elles ont appris à leur grande surprise qu’elles avaient été sélectionnées, et elles ont ajouté qu’elles ne prévoyaient pas mettre un terme à leur opération de boycottage. Cependant, celles qui refusent de se présenter risquent d’enfreindre une loi sportive espagnole qui stipule que tout athlète choisi par sa sélection nationale doit s’y rapporter à moins de circonstances exceptionnelles, comme une blessure. 

C’est la plus récente crise à secouer le soccer espagnol, après que l’ex-président de la fédération Luis Rubiales eut embrassé la joueuse Jenni Hermoso sur les lèvres sans son consentement après la victoire de l’Espagne en finale de la Coupe du monde de soccer féminin le mois dernier. 

Hermoso a d’ailleurs accusé la fédération d’avoir tenté d’intimider les joueuses retenues par la sélection nationale, même si elles avaient préalablement demandé à ne pas être choisies. 

Elle a mentionné par voie de communiqué publié tôt mardi que la décision de la fédération de sélectionner près de la moitié des 39 joueuses qui avaient signalé leur intention de ne plus représenter leur pays sur la scène internationale pour dénoncer la situation est une «preuve irréfutable» que «rien n’a changé».

Les joueuses ont été très claires dans leur démarche: elles ne seraient pas de retour au sein de la sélection nationale tant que des changements significatifs ne seront pas adoptés et que de nouveaux dirigeants soient nommés. Tomé a néanmoins sélectionné 15 joueuses qui ont contribué à la première conquête de la Coupe du monde de soccer féminin de l’Espagne le mois dernier. 

Tomé a ajouté qu’elle avait volontairement écarté Hermoso de sa liste «afin de la protéger», a-t-elle prétendu. 

«Me protéger de quoi?, a questionné Hermoso. On a indiqué que l’environnement au sein de la fédération serait sécuritaire de manière à permettre à mes collègues d’y retourner, et au cours de la même conférence de presse on annonce qu’on m’a volontairement tenue à l’écart afin de me protéger.»

Tomé a mentionné qu’elle a discuté avec Hermoso et les autres joueuses, et a ajouté qu’elle avait espoir de voir toutes ses joueuses se rapporter au camp mardi. 

Le ministre espagnol de la Culture et du Sport, Miquel Iceta, a dit mardi que le gouvernement tentera de s’impliquer afin de dénouer l’impasse. 

«Nous demandons à la fédération de remédier aux enjeux de cette convocation inhabituelle et de modifier son organisation afin qu’elle devienne l’espace sécuritaire, performant et professionnel auquel les joueuses et tous les Espagnols ont droit, a déclaré Iceta aux médias locaux. Ce que vous ne pouvez pas faire, c’est continuer de commettre des injustices et de nuire à des joueuses qui ont donné le meilleur d’elles-mêmes et procuré la première Coupe du monde de soccer féminin de l’histoire de l’Espagne.»

Le gouvernement a souligné qu’il discutait avec les joueuses, et le président du Conseil supérieur du sport espagnol — l’organisation gouvernementale qui chapeaute le sport dans ce pays — a mentionné qu’il devait les rencontrer plus tard mardi.