Le CIO suspend le Comité olympique russe pour avoir annexé des fédérations sportives

GENÈVE, Suisse — Après avoir déclenché une guerre il y a près de 20 mois contre l’Ukraine, la Russie a été suspendue par le Comité international olympique pour avoir annexé une partie de son administration sportive. 

Le comité exécutif du CIO a imposé une suspension au Comité olympique russe (COR) pour avoir bafoué la charte olympique — un guide de règlements et de principes destiné aux fédérations sportives internationales — en annexant des fédérations sportives de quatre régions occidentales de l’Ukraine.  

Les dirigeants du mouvement olympique russe ont mis la table pour cette situation la semaine dernière en accueillant dans leurs rangs des représentants de Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijjia.

«Cette décision unilatérale, a d’abord mentionné le CIO dans un communiqué émis de Mumbai, en Inde, constitue une entorse à la charte olympique puisqu’elle enfreint l’intégrité territoriale du Comité international ukrainien, tel que reconnu par le CIO, en accord avec la charte olympique.»

Le porte-parole du CIO Mark Adams a indiqué que pour l’instant cette suspension n’a pas de conséquence sur l’éventuelle participation, sous bannière neutre, des athlètes russes aux Jeux olympiques de Paris l’été prochain. Cependant, elle laisse croire à une certaine frustration du CIO et de son président, Thomas Bach, qui doit toujours déterminer s’il permettra ou non aux athlètes russes de participer aux Jeux de Paris en 2024. 

«(Le CIO) se réserve le droit de déterminer, au moment opportun, si des athlètes qui participent à des épreuves individuelles et qui possèdent un passeport russe pourront participer, sous bannière neutre, aux Jeux olympiques de Paris en 2024 et aux Jeux d’hiver de Milan-Cortina en 2026», a écrit le CIO. 

Le COR a critiqué le CIO pour avoir rendu «une autre décision contre-productive qui est motivée par des enjeux politiques évidents». 

Cependant, le CIO, sous la gouverne de Bach, a toujours été très tolérant envers la Russie depuis le début du scandale de dopage institutionnalisé qui a gangréné le pays il y a une décennie et terni son image sur la scène internationale. Le CIO n’a jamais exclu totalement les athlètes et les équipes du pays de Vladimir Poutine des Jeux olympiques, en dépit des nombreuses allégations démontrant que le dopage était appuyé par l’État russe et que le Kremlin avait tenté à maintes reprises de dissimuler des preuves dans ce dossier. 

Cette décision du comité exécutif du CIO a aussi été prise sept mois après qu’il eut publiquement appuyé les athlètes russes en recommandant aux fédérations sportives internationales d’identifier des façons de leur permettre de participer aux épreuves de qualifications en vue des JO de Paris. 

Cette recommandation du CIO, visant à assouplir les sanctions contre la Russie, entrait en contradiction avec les appels répétés du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de nombreux athlètes ukrainiens afin de maintenir l’exclusion des athlètes russes et biélorusses. 

Cette recommandation sera maintenue en dépit de la suspension imposée par le CIO jeudi — et elle ne s’applique pas au Bélarus. 

«Cette suspension du Comité olympique russe n’affecte en rien la participation d’athlètes indépendants», a noté Adams lors d’une conférence de presse après une rencontre du comité exécutif. 

Adams a précisé que le COR avait appris sa suspension avant l’annonce officielle du CIO. 

Les équipes russes demeurent exclues des compétitions sportives internationales, en dépit de la tentative ratée de l’UEFA plus tôt ce mois-ci de les réintégrer pour la phase de qualifications du Championnat européen de soccer des moins de 17 ans.