De l’Ukraine à Shawinigan pour son développement
SHAWINIGAN. Le programme de hockey scolaire des Braves de Shawinigan mis de l’avant par Propulsion hockey a frappé un grand coup au début de l’année avec la présence de joueurs provenant de l’international. Voici l’histoire d’Ilya Marintsev qui a fui son pays de l’Ukraine en raison de la guerre qui a éclaté en février 2022.
C’est à l’été 2022 que le jeune Ukrainien qui aura 16 ans en janvier prochain est débarqué à Shawinigan. « Je devais venir au Canada l’an prochain pour mon développement de hockeyeur et m’améliorer, mais la guerre a accéléré mon arrivée d’un an », exprime Ilya dans un excellent anglais.
Le jeune hockeyeur évoluait avec des jeunes de deux ans plus vieux que lui dans son pays d’origine avant la guerre en raison de son talent. Comment a-t-il vu la différence du niveau de jeu entre l’Ukraine et le Québec. « Il y a une grosse différence. Ici, les enfants naissent avec un bâton dans les mains. Le hockey n’est pas aussi populaire qu’ici. Il y a seulement des arénas dans les grandes villes. »
Ilya et sa famille demeuraient à Kharkiv qui est à 40 kilomètres de la frontière avec la Russie. « J’ai vu les bombes tombées. J’ai même fait une vidéo avec mon téléphone et on pouvait voir les bombes », raconte-t-il avec émotion alors qu’on peut sentir la frayeur et les souvenirs dans ses yeux.
« C’était une expérience effrayante. Je ne souhaite à personne de vivre ça. C’était très marquant. En plus, la guerre a éclaté le 23 février, et ma mère donnait naissance à mon petit frère le 21 février. C’était fou! On a commencé à penser à quitter le pays avant que tout éclate. Finalement, mon père et toute notre famille nous avons pu quitter le pays rapidement parce que mes parents avaient trois jeunes enfants. On a quitté pour la Slovaquie. C’était très difficile de tout laisser derrière. Ma mère pleurait, et mon père tentait de cacher ses émotions. Les trois premiers mois en Slovaquie ont été vraiment difficiles », raconte le jeune avec le trémolo dans la voix.
Un baume pour le jeune Ukrainien a été de pouvoir pratiquer son sport favori alors qu’il était en Slovaquie pendant 3-4 mois. « Maintenant, mes parents ont loué un appartement, et mon père a commencé à pratiquer le hockey à cause de moi. »
Un des moments où Ilya a souri lors de l’entrevue, c’est lorsqu’il confiait qu’il serait en Slovaquie pour le temps des Fêtes pour revoir sa famille, lui qui est en pension à Shawinigan depuis l’été. « Ma famille me manque beaucoup. Et pour alléger l’atmosphère quand je vais arriver, je vais me déguiser pour faire rire ma famille avec mon chapeau de cow-boy! J’ai vraiment hâte de les voir. »
Ilya a aussi eu la visite à deux reprises de celui qui a été son entraîneur en Ukraine depuis 10 ans. Il est venu à Shawinigan en septembre, et en décembre. « Ça fait du bien de le voir, il est comme mon deuxième père. »
Malgré la barrière de la langue, le hockeyeur affirme qu’il a été bien intégré avec l’équipe des Braves des moins de 18 ans. L’équipe flirte d’ailleurs avec le premier rang en deuxième division. « Je commence à comprendre plus le français et à dire quelques mots, mais communiquer seulement en français demeure difficile pour moi. Les gars m’aident beaucoup. Ils me parlent tous en anglais et ils sont bons en anglais aussi. Alors on communique de cette façon. »
Pour lui, cette première année est une adaptation avec le style de hockey nord-américain. Il compte demeurer ici pour son développement à titre de hockeyeur.
Le directeur du programme Jonathan Bellemare affirme que Marintsev détient un très bon potentiel. « C’est un excellent athlète. Il s’est entraîné pendant tout l’été avec nos joueurs des Braves. Au début son intégration a été plus compliquée à cause de la barrière de la langue. Mais les gars savaient ce qu’il a vécu et ils voulaient tous l’intégrer. Je ne cache pas que les trois joueurs internationaux que nous avons ont pu remonter le niveau de nos équipes. Ilya est un des plus forts du groupe pour toutes les habiletés. »