Deux Mauriciennes domptent les dunes du Sahara

MAROC. Laurie Frigon de Shawinigan et Anne-Marie Pratte de Trois-Rivières ont dominé les 167 équipes à bord de leur côte à côte, toutes catégories confondues, dans le désert du Sahara pour décrocher la toute première position du défi des Roses des sables présenté du 11 au 20 octobre dernier. 

L’élément principal de la réussite des deux femmes pour la compétition est la façon dont elles ont pu trouver leurs repères au travers des différentes étapes en atteignant chacune des balises. Elles n’ont reçu aucune pénalité lors de chacune des 7 étapes.

Anne-Marie, la pilote, a suivi l’instinct de sa copilote Laurie, qui était responsable de l’orientation du duo. 

L’Hebdo a pu discuter avec les deux femmes quelques heures après leur victoire qu’elles n’attendaient pas. Qui plus est, le podium de 2022 est composé entièrement de Québécoises. Après les sept étapes, Anne-Marie et Laurie sont celles qui ont effectué le moins de kilomètres dans le désert, soit 775,6 km.

« On ne le réalise pas encore, il faut se pincer, exprime Anne-Marie. Ce qui est marquant, c’est la solidarité qui existe entre les filles. En étant en côte à côte, nous n’avions pas d’air climatisé. Ce n’était pas rare qu’une fille nous donne de l’eau. Notre secret a été notre complémentarité. On ne s’est pas chicané du tout. Il y avait des Françaises qui se tapaient dessus. »

Plus la compétition avançait, plus les filles voyaient leurs chances pour le podium. La tension montait, mais sans jamais dépasser la ligne. « Quand ça allait moins bien, on utilisait beaucoup l’autodérision pour faire baisser la tension. On a fait confiance à nos forces. Anne-Marie est experte en conduite tout terrain, et je suis experte en précision et orientation. Ça l’a fait! », ajoute Laurie.

Il s’agit de tout un exploit pour les deux filles qui participaient à leur premier rallye à vie. « Le conseil qu’on a reçu et qu’on a appliqué, c’est de faire notre rallye. On a douté plusieurs fois, mais on s’est fié à notre idée. Ç’a été la clé de notre succès de se parler et de faire confiance à nos décisions. On n’avait aucune attente en venant ici. On voulait seulement vivre l’expérience, partir chaque matin avec le sourire, et ne pas casser », exprime Anne-Marie.

Fille d’un camionneur, Laurie soutient que son orientation doit être génétique. De plus, elle est très sportive pour faire beaucoup de randonnées. « C’est beaucoup de calculs, on a pris certains risques, mais on avait confiance aux risques qu’on prenait. »

Pour Anne-Marie, son travail de technicienne de la faune l’amène à conduire en VTT ou en motoneige dans les sentiers hors route. L’étape la plus difficile et mythique du rallye est celle des dunes, et les deux belles-sœurs l’ont remporté. « Je n’avais jamais conduit dans des dunes. C’était comme faire de la motoneige en hors-piste. Laurie avait un peu peur au début, mais quand je voyais qu’elle n’avait plus trop de réactions, je me suis dit go! Comme on dit au Québec, dans le doute… le gaz au boutte! C’est comme ça qu’on a gagné l’étape mythique dans les dunes. On s’est fait plaisir, on s’est amusée, et on passait à côté d’équipes qui pelletaient comme si c’était dans la neige folle au Québec! »

« Je pensais que le désert c’était juste des dunes, mais ce n’est vraiment pas le cas. Il y a des montagnes de gros cailloux, des roches coupantes, des tempêtes de neurones à manger du sable… La seule crevaison qu’on a faite c’est à l’étape marathon, et par chance, on s’était arrêté pour prendre une collation en dessous du seul arbre qu’il y avait. Au lieu de changer le pneu à 50 degrés Celsius, on l’a fait à 35 degrés », exprime Laurie Frigon.

« Présentement, on est farcie au sable! », lance à la blague Anne-Marie.

Les deux femmes ont réalisé un rêve qu’elle caressait depuis plus de 20 ans. Elles ne répéteraient pas la même expérience à cette même course par contre. « Je le conseille à toutes les filles, mais moi est-ce que je le referais? C’est plus une case de cochée sur ma liste. Je referais un autre style de rallye ailleurs », confie Anne-Marie.

« On est première, on peut juste descendre. On se dit qu’on est aussi bien de se retirer au sommet de la gloire. Sidney Crosby, qu’est-ce tu penses qu’il fait? », lance Laurie en riant.

Les deux femmes ont dû réaliser une campagne de financement de 25 000$ pour accomplir leur rêve. Elles désirent remercier tous les donateurs et les commanditaires qui les ont encouragées. « On est très reconnaissante », soulignent conjointement les deux championnes.