Patrick Dallaire participe au miracle allemand

JEUX OLYMPIQUES. Le Shawiniganais Patrick Dallaire peut se dire qu’il a apporté son expertise pour la meilleure performance de l’histoire des Allemands aux Jeux olympiques. Même si les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) ne participent pas aux Jeux olympiques en hockey masculin, bien peu de gens auraient pu prévoir la présence en finale de la Mannschaft. Qui plus est, les Allemands ont éliminé coup sur coup la Suisse, la Suède, et le Canada pour se rendre en grande finale.

Patrick Dallaire est l’entraîneur des gardiens de but de l’équipe allemande depuis 2016. Les Allemands ont seulement remporté deux médailles de bronze dans toute l’histoire des Jeux, en 1976 et en 1932.

L’Hebdo s’est entretenu avec l’entraîneur des gardiens tout juste après la victoire historique de l’Allemagne contre le Canada.

Comment on se sent de faire partie de la meilleure équipe allemande de l’histoire des Jeux?

«Pour être franc, ça fait 50 minutes que c’est arrivé, et je ne l’ai pas réalisé encore. Toute l’équipe est sous le choc. Juste pour donner une idée c’est le silence dans l’autobus qui nous ramène vers le village tellement tout le monde est sous le choc. C’est encore plus spécial pour moi de gagner contre le Canada. C’est l’équipe que j’ai vue en grandissant année après année, et le Canada demeure toujours la puissance en hockey. Ça fait drôle d’être de l’autre côté de la clôture pour les affronter.»

Son poulain

Patrick Dallaire travaille avec son poulain Danny aus den Birken depuis plus de trois ans en ligue allemande (DEL). C’était lui qui était devant le filet contre les Canadiens et il a été solide en repoussant 28 des 31 lancers au cours de la rencontre. Sa technique était à point et il donnait très peu de retours de lancer.

«J’ai eu mon mot à dire pour le choix du gardien. Après ses prestations contre la Norvège et la Suisse, c’était unanime de continuer avec lui dans le tournoi. C’est clair que je suis extrêmement fier de Danny. Ça fait trois ans qu’on travaille ensemble et au niveau technique, on est rendu à raffiner son jeu. De le voir performer au niveau international, ça fait chaud au cœur!»

Avec une victoire de 2-1 en prolongation contre la Suisse en huitième de finale, un gain de 4-3 en prolongation contre la Suède en quart de finale, et une victoire serrée de 4-3 contre le Canada en demi-finale, comment M. Dallaire a-t-il vécu ce stress? «Pour les autres matchs, j’étais plus calme et comme je suis le préposé vidéo, ça me fait une distraction en me concentrant sur ma tâche. Sauf que l’enjeu était grand contre le Canada avec une médaille en jeu, ça n’a pas été facile de contrôler mes émotions en troisième période.»

Aussitôt que Patrick Dallaire a pesé sur le bouton arrêt dans le cadre de son travail vidéo, il est allé rejoindre avec l’équipe d’entraîneurs et les joueurs qui célébraient cette importante victoire pour la Mannschaft. «C’était difficile de réaliser au maximum ce qui venait de se passer.»

Est-ce que l’homme de 42 ans y aurait cru il y a quelques années si on lui avait dit qu’il serait aux Jeux olympiques comme entraîneur et qu’il accéderait à la finale avec l’Allemagne? «Ça prouve qu’il n’y a rien d’impossible au hockey! Je l’ai dit tout haut: j’ai toujours cru en nos chances. Je connaissais l’alignement de notre équipe et celle des autres. C’est certain qu’avec l’absence des joueurs de la LNH, ça donnait une chance de plus à l’Allemagne, on ne se fera pas de cachette. Mais en fin de compte, tous les pays étaient dans la même situation et on a gagné le gros match!»

Est-ce que l’entraîneur a songé qu’outre les Shawiniganais qui sont derrière lui, ce sont possiblement les seuls Canadiens heureux d’avoir vu l’Allemagne gagner? «Ha ha! Non je n’avais pas pensé à ça! J’ai reçu beaucoup de messages et mon téléphone était en feu après le match! Je ne le réalise pas encore. Tout va tellement vite!»

Est-ce qu’il croit que le tournoi peut lui ouvrir des portes pour un poste d’entraîneur des gardiens dans la LNH? «C’est à suivre…», répond-il.

La cérémonie d’ouverture

En plus du parcours quasi miraculeux des Allemands, le Shawiniganais a pleinement savouré la cérémonie d’ouverture. «Ça été un moment très spécial. Le voir à la télévision, c’est une chose, mais le fait d’être là, j’étais ému! Tu sais que tu vas aux Jeux olympiques, mais quand tu vis la cérémonie, toute la délégation est habillée de la même façon, et tu fais l’entrée dans le stade, c’est là que tu te dis que c’est vrai! Je me suis dit que je viens de Shawinigan et que je suis aux Jeux de PyeongChan, je suis vraiment chanceux. Je l’ai savouré à plein!»

Son parcours

Le Shawiniganais a joué sept matchs avec les Cataractes comme gardien en 1992-1993. Comme il n’a pas été retenu au camp l’année suivante, il est allé faire ses études à l’UQTR et il a œuvré dans le domaine de l’enseignement pendant une vingtaine d’années.

C’est en 2000-2001 qu’il a commencé sa carrière d’entraîneur avec les Mooseheads d’Halifax jusqu’en 2008-2009. Il a notamment travaillé avec le gardien Pascal Leclaire.

Puis, c’est suite à un appel de l’ancien entraîneur des Nordiques Pierre Pagé qu’il commence l’aventure en Europe en Autriche en 2009. Avant de s’aligner avec l’équipe allemande en 2016, il a été entraîneur des gardiens avec l’équipe de Munich dans la DEL.

«C’est une victoire familiale avec ma femme et ma fille qui ont embarqué dans l’aventure de l’Europe avec moi, de s’y établir et de faire notre vie là-bas. Je me suis assuré d’appeler ma femme après la victoire contre le Canada pour qu’elle sache que c’est une victoire familiale!»