Le sommelier qui aimait le hockey

HOCKEY.  Mais qui est ce Québécois à l’accent français en charge des dégustations au Domaine Vins Gélinas capable de discuter à la fois de la robe d’un rosé que du coup de patin explosif de Connor McDavid?

Claude Devèze sourit à l’évocation de l’image. « Ça arrive en effet quelquefois qu’une fois la dégustation terminée, les gens viennent me demander :  »Tu es qui toi? » » Ce sommelier du dimanche au vignoble de Saint-Sévère mène en effet en parallèle une carrière professionnelle au hockey depuis plus de trente ans en Europe.

Son chandail no 9 a même été retiré par le club d’Angers en France où il a connu les meilleurs moments de sa carrière d’une vingtaine de saisons, entre 1989 et 2009. À sa retraite comme joueur, le Franco-Canadien a fait la transition derrière le banc, carrière qu’il poursuivra d’ailleurs cet automne à la tête du Hockey Club Varèse, en Italie.

« Je suis né à Trois-Rivières de parents français venus au Québec durant leur voyage de noces et qui ont tellement adoré l’endroit et  les gens qu’ils ont décidé de s’y installer. Mon père habite d’ailleurs toujours à Saint-Louis-de-France », souligne celui qui a donc la double nationalité… et ce charmant accent français mâtiné d’expressions québécoises.

C’est donc avec le réseau de hockey mineur mauricien que Claude Devèze a attrapé la piqûre du hockey qui ne l’a jamais quitté depuis. « Quand j’ai terminé mon Midget chez les Estacades, ce n’était pas structuré comme aujourd’hui. À 17 ans, j’ai décidé de poursuivre ma carrière en France », se rappelle celui qui a souvent agi comme capitaine au sein des formations pour lesquelles il a évoluées.  

À Angers durant quelques saisons, Devèze a eu l’occasion de renouer avec ses racines mauriciennes alors que le Shawiniganais Jonathan Bellemare – dont le numéro 45 a lui aussi été retiré – était la grande vedette offensive du club.

De la France à l’Italie

Sa carrière d’entraîneur à Nantes, Briançon et Tours, en France, a aussi été couronnée de succès. Devèze était derrière de banc de Briançon lorsque l’équipe a remporté le titre de la division 1 lui permettant d’accéder au circuit Magnus en 2019-2020, la ligue la plus compétitive en France. Le Franco-Canadien aussi terminé au 1er rang de la division 1 la saison dernière avec Brest, mais a préféré se tourner du côté de l’Italie pour la suite de sa carrière.

À Varèse, qu’il avait aussi dirigé il y a deux ans, Claude Devèze succède à l’ancien gardien de but étoile de la LNH, Tom Barrasso. « L’objectif, c’est de faire comme à Briançon et de monter jusque dans la Alps Hockey League qui regroupe les meilleures équipes de l’Italie, de l’Autriche et de la Slovénie », explique celui qui mettra le cap sur l’Europe vers la fin du mois d’août.

Claude Devèze se considère privilégié de pouvoir vivre de sa passion du hockey. « On ne gagne pas des millions, mais à Varèse par exemple, on est juste à côté du lac de Côme, près de la frontière suisse, et on allait s’entraîner à Milan en attendant d’avoir notre propre glace. Il y a pire comme situation », sourit-il.  

Un retour au Québec à temps plein?

Son travail saisonnier au Domaine Vins Gélinas est arrivé totalement par hasard. Résident à Saint-Étienne-des-Grès, il décide à l’été 2021 avec sa conjointe d’aller explorer à vélo le village de Saint-Sévère qu’il ne connaît pas.

« Là, je tombe sur un champ de lavande pis un peu plus loin, sur un vignoble. Je ne comprenais plus rien. C’était presque irréaliste. C’était comme si j’étais en France. » Après un verre de rouge et une discussion avec le propriétaire, Claude Devèze s’en retourne chez lui et s’abonne à la page Facebook du Domaine. « Le lendemain, il cherchait quelqu’un pour les dégustations. Je ne suis pas sommelier, mais je m’y connais quand même en vin », souligne celui qui compare la fabrication du vin avec celui d’une équipe de hockey. « Ça prend beaucoup de travail, de passion, de détails techniques pour en arriver à un bon résultat », note-t-il.

À 52 ans, Claude Devèze ne dirait pas non à un retour à temps plein au Québec si une proposition professionnelle intéressante se présentait. « Quand le club des Lions de Trois-Rivières était en train de se former il y a un an, j’ai eu une discussion avec Marc-André Bergeron, mais l’entraîneur Éric Bélanger avec déjà ses adjoints. En même temps, j’ai la chance de vivre de ma passion depuis que j’ai l’âge de 17 ans et de vivre en Europe les trois quarts de l’année. Je suis à l’écoute, mais je n’accepterais pas n’importe quelle proposition », termine le Trifluvien de naissance.