L’Iron Man de Steeve… raconté par Steeve

Au terme de l’épreuve d’Iron Man qu’il a complété au 96e rang dans sa catégorie (40-44 ans), le Shawiniganais Steeve Carpentier nous a fait parvenir ce compte rendu où il revient sur les défis qu’il a dû surmonter.

Je viens de me lever, il est 5h30 am, je suis encore sur l’horaire de course. J’ai des courbatures et de l’irritation sur mon corps mais rien de trop dommageable. Comme vous l’avez sûrement vu Luc et moi avons terminé notre Ironman, nous avons vaincu les Dieux d’Hawai! Je vais en quelque ligne vous résumer ma journée. Je vais laisser Luc vous raconter son histoire mais je peux vous dire que je suis fier de connaître cet homme, quel courage! Il a complété Hawai sur une jambe, lui qui est blessé à l’ischiojambier.

Tous d’abord, je dois vous dire que je suis extrêmement contant de ma performance, de mon temps. Il est vrai que j’avais des ambitions de briser la barrière des 10h avant le départ après mon 9h43 de Tremblant. Les conditions climatiques d’hier n’étaient vraiment pas propices à un temps rapide. La plupart des triathlètes ont été de 30 à 40 minutes plus lents que d’habitude. C’était vraiment des conditions horribles! J’ai mangé avec Pierre Heynemand après la course, il était abattu! Lui qui est habitué de faire environ 9h30 a du se contenter de 10h.

Natation

Au départ de la natation, je me suis placé complètement à gauche pour avoir une porte de sortie dans le cas d’un carambolage extrême. Les bons nageurs d’océan ne manquent pas ici, je me sentais très loin de la piscine de l’expo ou encore de la rivière St-Maurice, ça rien à voir! Malgré tout, j’étais relativement calme sur la ligne de départ, j’étais en mode économie. ¨Ca y est le départ est lancé malgré le fait que le canon n’a pas fonctionné. J’ai réussi à bien sortir et a prendre ma place dans ce bouillon d’athlètes.

Il est vraiment difficile de voir devant pour s’enligner sur les bouées, car avec les vagues nous sommes constamment en train de monter et de descendre, je suis les pieds des autres nageurs, je me retrouve dans un étau. Quelqu’un ne peut pas décider de ralentir là-dedans il va payer le prix les athlètes te passent par dessus. À quelque reprise j’avale de l’eau salée, pas très agréable. Ma respiration est bonne je suis en contrôle, je suis dans mon univers.

À mi-chemin(1.9km) nous contournons un bateau pour ensuite revenir vers la plage. En temps normal, la natation n’est seulement qu’un préambule anodin avant le vélo et la course mais là j’ai l’impression de vivre une épreuve plus que respectable,un défi. J’ai le fond de la gorge vraiment irrité avec cette eau salée. Ne lâche pas Steeve, la plage arrive! Une fois les pieds sur le planché des vaches, j’ai de la difficulté à mettre un pied devant l’autre je suis étourdi (le mal de mer). Je monte des escaliers pour me diriger dans les tentes de changements. Les athlètes passent sous une douche pour enlever le sel de mer, je passe tout droit. Il y a une odeur d’urine ici, ils ont installé des urinoirs sous la tente. J’ai envie mes je m’abstiens, j’ai trop de respect pour mon urine. Je prends mon vélo qui est juste à côté de celui de Laurent Jalabert (un superbe Look) , son vélo est toujours là, il faut dire que la natation ce n’est pas son fort. Il me dépassera plus tard à vélo. J’ai vaincu l’océan!

Le vélo

Dans les premiers kilomètres je reste calme, je prends ma place,nous sommes tous en ligne et tout le monde roulent vite. Je ne sais pas où me placer pour ne pas sillonner les autres nous sommes tous collés. Après une dizaine de km, je roule entre 38 et 40 km/h sans trop d’effort. À ce moment, je ne sais pas qu’est-ce qui nous attends plus loin c’est-à-dire des vents épouvantables et de la chaleur accablante.

En effet, après environ 70km j’avais une moyenne de 38km/h et tout allait pour le mieux. Mais là les Dieux se sont réveillés des vents d’une force incroyable se sont levés. Nous avions de la misère à rouler à 20km/h, la conduite du vélo était dangereuse. J’étais heureux d’avoir mis une roue de 50mm à l’avant. Nous avons forcé comme des fous pour atteindre Hawi la ville la plus éloignée du parcours. Ma moyenne a chuté à 33km dans quelque km et mon énergie aussi. Lorsque nous avons viré notre vitesse a passé de 20km à 60km, quel bonheur.

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À cet instant, je croyais que le vent serait avec nous jusqu’à Kona. Malheureusement, environ 10 km plus loin le vent a tourné et nous l’avons de nouveau dans les dents et il doit faire

100 degrés. Je commence à m’inquiéter de mon état, il me reste encore 60 km à faire et je commence à souffrir! À chaque 15 minutes ,je prends une capsule de sel pour ne pas cramper. Ça fait longtemps que je n’aie pas été dans le trouble comme ça sur un mon vélo et je n’ose même pas penser au marathon que j’ai à courir après. Je suis dans un mode de survie jusqu’à la fin du parcours de vélo, j’ai des doutes pour le reste. Une fois dans l’aire de transition, je cours pour aller me changer. Je suis vraiment mal en point! Et voilà pour le vélo!

Le marathon

Les premières foulées qu’on fait après avoir roulé 180km nous indiques quelle sorte de marathon nous allons avoir et curieusement je suis dans un meilleur état que je pensais. Mes jambes sont bonnes et je prends même plaisir à courir dans cette chaleur torride. Ça y est le sourire me revient et j’ai eu des pensées d’Amour pour Pascal Dufresne qui m’a tellement fait courir à l’entraînement, merci Pascal. Je me parle, je m’encourage, je me sens fort, à ce moment je sais que je vais aller jusqu’au bout.

Je prends même le temps d’embrasser ma femme qui est sur le côté du parcours. Anne, Mona et Marc Déry sont aussi présents à m’encourage, merci. Marc a beaucoup de difficulté à doser son intensité d’encouragement, il perd la voix!

Je dépasse beaucoup de coureur qui sont crampé, certain vomissent d’autre marchent! Quant à moi, je suis arrogant, je suis au-dessus de mes affaires! Je prends une capsule de sel à tous les 3 km et j’avance. Mon pace est un peu en dessous du plan mais avec ces conditions j’en suis très heureux. ¨Ca y est j’ai atteint le demi-marathon 21km!

La barrière psychologique des triathlètes. Je me dirige vers le mythique énergie lab (30km). À cet endroit, il y a une chaleur incroyable avec des faux plats sur le parcours, il n’y a tout simplement pas d’air.Sur le côté droit,il ya de la roche volcanique qui dégage du feu. Encore une fois j’y arrive très bien, j’encourage même plusieurs athlètes qui souffrent. Par moment , j’ai des débuts de crampes dans mon ischiojambier droit mais je contrôle ma vitesse et ça passe. Je suis heureux de voir que je suis capable de tolérer cette chaleur.

Je suis sur le chemin du retour, il me reste 4km, je croise Luc Grondin. Je me suis dirigé vers lui pour l’encourager. `Luc tu m’impressionnes`! Let’s go!! Il marchera ainsi 42km lui qui est blessé. Un guerrier! Je cours à bonne vitesse les derniers km. Je rejoins un Autrichien, on s’encourage. Il me dit qu’il s’est qualifié avec un marathon de 3h05 minutes. Il devra accepter un 3h40 aujourd’hui. Dans les derniers 500 mètres, je vole!! La foule m’inspire, le finish est là, j’ai réussi!

Conclusion

Nos limites physiques sont contrôlées par notre cerveau. Hier sur le parcours j’ai vu des gens de toutes sortes qui les ont dépassées. Dans un événement comme ça nous pouvons avoir plusieurs remises en question à savoir pourquoi nous sommes là à nous défoncer. Sortir de notre zone de confort et nous exposer volontairement à cette souffrance. Nous avons tous besoin de défis pour s’accomplir dans notre vie. Moi je carbure à l’effort physique! Hier, aujourd’hui et demain j’y serai…..

– Amicalement Steeve en direct de Kona