Michel Béland: un bâtisseur de rêves
Bâtir! De la Mauricie à l’Abitibi, en bifurquant par la Vallée de la Matapédia. Michel Béland n’a rien fait d’autre depuis plus de quarante ans. À 58 ans, certains auraient parié que le propriétaire du Club Hosanna ralentirait et coulerait une douce retraite en gérant les douze chalets de sa pourvoirie à Trois-Rives mais c’était mal le connaître.
L’homme, dont les propres péripéties rendent fades les invraisemblables histoires de pêche, entreprend le dernier grand chantier de sa vie en se mesurant à un territoire de 90 km carrés peuplé de vingt-sept lacs. Un terrain de jeu idéal pour celui qui y a déjà construit quelques typiques chalets en bois ronds qui ont fait sa marque de commerce.
Le secteur Nastik est situé à mi-chemin entre Shawinigan et La Tuque, au kilomètre 57 de la route 155, sur le territoire de la municipalité de Trois-Rives, près de Grande-Anse. Propriété d’Abitibi-Consolidated qui y approvisionne en bois ses moulins à scie et à papier, le site n’a presque jamais servi à des fins récréatives, si ce n’est quelques expéditions de pêche réservées aux dirigeants et clients de la papetière. «C’est plus qu’un forfait de pêche, de chasse ou d’hébergement que je vend. C’est un séjour pour la paix et ça aujourd’hui, y’a rien qui a plus de valeur», raconte le coloré bonhomme sur le balcon de son chalet, sur le bord du lac Jimmy. Un éden en pleine forêt, localisé à peine à cinq kilomètres de la route 155.
Quatre camps en bois ronds en plan Européen (lacs Jimmy, St-Michel, Panache et Barrage) ont déjà été construits et un auberge a été aménagé près du lac Boucher. Michel Béland rêve déjà à doter chacun des vingt-sept lacs du secteur Nastik de son propre chalet. «Je ne suis pas un rêveur mais un visionnaire. Des visionnaires, ça ne rêve pas, ça réalise», rectifie celui qui a toujours été stimulé par les commentaires de ses détracteurs. «J’ai toujours cru que la réussite passait pas la détermination et la conviction.»
Ajouté à ses douze pavillons dans le secteur Hosanna, le pourvoyeur compte maintenant une vingtaine de chalets et une capacité d’accueil de 100 personnes. «Notre taux d’occupation frôle les 98% de mai à septembre», raconte l’homme originaire de Sainte-Thècle qui cherche de plus en plus à courtiser la clientèle familiale tout en continuant à soigner ses pêcheurs.
Près de vingt ans et 1 million et demi de dollars plus tard, avec une petite équipe d’une vingtaine de personnes à ses côtés – «Pas si mal pour un gars qui a terminé sa 3e année B», aime-t-il à répéter -, Michel Béland croit plus que jamais que son approche des petits pas demeure la meilleure. «Si j’avais juste pensé en terme d’investissement, je ne serais pas ici aujourd’hui. Ça prend du monde de la forêt pour réussir dans ce domaine. Moi, j’ai toujours été maître de mes projets et j’ai toujours bâti sur mon bras», raconte celui qui, grâce à son moulin à scie personnel, construit de A à Z ses chalets, à partir de l’abattage des arbres jusqu’à la construction du bâtiment. «J’ai appris à être autonome tout jeune en vivant dans la pauvreté. Aujourd’hui, je poursuis dans le même esprit en essayant de faire le maximum par moi-même.»