Une femme dans un monde de jeunes hommes

SHAWINIGAN.  Jeune diplômée de l’UQTR en kinésiologie et en thérapie du sport, Elizabeth Giguère-Lemieux est la thérapeute sportive des Cataractes de Shawinigan depuis un an à la suite du départ de Kyle Sutton. La jeune femme de 25 ans voulait travailler pour une équipe junior et tout s’est mis en place pour elle avec la plus vieille concession du circuit Courteau.

Originaire de la Beauce, Elizabeth s’est tournée vers l’UQTR pour ses études universitaires, et c’est avec les Remparts de Québec qu’elle a réalisé son stage d’études. « C’était lors de la saison Covid, alors je n’ai pas eu la chance de faire beaucoup de matchs, c’était surtout des pratiques. Mais j’avais la chance de traiter. Je voulais vraiment me trouver un emploi dans le junior majeur. J’ai toujours fait du sport, et le hockey est l’un des sports que j’aime le plus regarder. Je voulais aussi travailler dans un niveau élite, et je savais que dans ce monde-là, on peut autant faire du terrain que de la clinique. C’est rare dans un emploi qu’on puisse faire les deux. »

Un autre aspect qu’Elizabeth aime de son emploi, c’est qu’elle fait tout le cheminement avec un joueur qui se blesse pour sa réhabilitation jusqu’à son retour au jeu. 

Une coïncidence a fait que l’étudiante à la maîtrise en thérapie du sport avait Kyle Sutton comme enseignant pour un cours à l’UQTR. « Il m’a contacté pour me dire qu’il ne serait plus en poste ici à Shawinigan et me demandais si je voulais qu’il mette mon nom en référence. J’ai trouvé le courriel de Martin Mondon, et j’ai envoyé mon curriculum et une lettre de présentation à deux reprises pour être certaine que ça se rende. »

C’est au mois d’août 2021 que le directeur général a contacté Elizabeth pour une entrevue. « Je n’avais pas terminé ma maîtrise et j’ai été engagée sous conditions de réussir mes deux examens finaux. C’est drôle parce que je parlais de ça à ma meilleure amie un an et demi avant que j’obtienne le poste. La vie fait bien les choses parce que j’adore la Mauricie. »

La thérapeute sportive travaille en étroite collaboration avec les trois médecins de l’équipe : Daniel Gélinas, Amélie Dion et Pierre-Luc Tremblay. « Ils sont toujours disponibles pour répondre à mes questions. » 

Elle détient aussi plusieurs tâches connexes comme la réservation des hôtels, des autobus, du service de traiteur.

« Je dois m’assurer qu’il y ait toujours de la nourriture dans le lounge pour les joueurs. Quand il y a une pratique, les joueurs ont toujours besoin de quelque chose avant comme des vitamines ou des médicaments. J’assiste à la pratique au cas où il arrive quelque chose. Les gars vont dans le gymnase après, et je fais de la réhabilitation avec ceux qui en ont besoin. Je fais des traitements aussi autant obligatoires que pour des petits bobos. Il y a quand même beaucoup de paperasse. Tout ce qu’on fait doit être noté au dossier. Lors d’un match, c’est un peu le même principe. »

Si d’une part, Elizabeth s’est jointe à l’équipe qui était au sommet de son cycle qui a remporté la coupe du Président, d’autres parts, il n’y avait jamais eu autant de blessures chez les Cats. « C’était ma première année, et les vétérans étaient habitués à une autre personne que moi. J’ai dû gagner leur confiance, et comme je sortais de l’école, j’ai dû démontrer du sang froid et montrer ce qu’on fait. J’ai tellement appris dans une année pleine de blessures. Je ne savais pas c’était quoi une année type, et c’était beaucoup. Ma récompense c’était de voir les gars revenir au jeu et que ça aille bien. Ça prend des efforts de tout le monde. Le conte de fées c’est quand j’ai levé la coupe, avant ça je ne dirais pas que c’était un conte de fées », affirme-t-elle avec une pointe d’humour.

Mettre ses limites

Un des aspects importants du travail de la thérapeute qui gravite dans un monde de gars est de mettre ses limites. « Je dois faire comprendre aux joueurs que je ne suis pas leur amie. Souvent on va rire en gang et niaiser avec les gars. Mais je ne dois pas laisser aucune porte ouverte. Ça doit se faire dans le respect, il y a des choses qui ne se disent pas. C’est certain que ma vie personnelle reste personnelle. Pour les traitements, un exemple je peux traiter l’aine. D’une part, ma porte est toujours ouverte quand je fais un traitement. Je mets une serviette et je trouve des techniques pour mettre le joueur à l’aise en parlant de n’importe quoi. Il ne doit pas y avoir de rumeur ou quoi que ce soit, c’est pourquoi ma porte est toujours ouverte. Je suis à l’aise avec les gars. J’ai toujours voulu travailler avec des gars, c’est plus simple, ça rit, ça niaise! »

Pour la suite de sa carrière, Elizabeth se plaît dans le junior, mais ne se ferme pas la porte pour un niveau plus élevé. « Plus tard, j’aimerais enseigner à l’université! »